Anne Fontaine

C'est une histoire d'amour

À 17 ANS, ANNE FONTAINE QUITTE LE BRÉSIL pour la France afin de terminer ses études de biologie. Mais la rencontre avec son mari, Ari Zlotkin, bousculera totalement son destin. En 1998, ils créent ensemble la griffe Anne Fontaine.

À quel âge avez-vous dessiné votre première collection ?

À 22 ans. Anne Fontaine c'est une histoire d'amour. C'est notre rencontre qui nous a permis avec mon mari de créer notre maison de couture. C'est lui qui était dans la mode industrielle. Il avait hérité d’une usine de confection de chemises pour hommes en Bretagne. Une petite affaire en perte de vitesse, mais qui lui tenait à cœur. J’ai voulu donner un second souffle à ce savoir-faire français et j'ai eu l’idée de créer la chemise blanche pour la femme. Nous avons travaillé pour plusieurs marques au début, puis nous avons créé notre propre maison et ouvert notre première boutique rue des Saints-Pères à Paris. Depuis nous travaillons ensemble, main dans la main : je m'occupe des modèles et de la création. Mon mari du développement marketing. Aujourd’hui, Anne Fontaine c’est environ 80 boutiques dans le monde, 250 clients multi-marques, une filiale aux États-Unis et en Chine.

Vous vous êtes découvert ce talent de styliste subitement ?

Non. Depuis que je suis enfant je confectionne des vêtements. Ma mère m'avait offert pour un mariage une robe affreuse.

 J'avais à peine 10 ans, je l’ai coupée et transformée, j’ai cousu des fleurs à la main, j'ai coupé un peu les manches. Le jour du mariage, j’étais fière de porter ma création. Maman m'a demandé d’où sortait cette tenue, et j’ai répondu fièrement : « C'est moi qui l'ai faite ! » Aujourd’hui, pour créer une nouvelle collection, je m'enferme dans mon bureau pendant une semaine et je dessine environ 500 modèles. Le plus dur c'est de faire le choix final !

C’est à Honfleur que vous avez installé votre unité de création.

Oui c'est notre studio. Toute la création des prototypes se fait ici et les modèles sortent d’ici pour partir en usine de production, puis dans nos boutiques. L'expédition se fait également depuis Honfleur. 

Pourquoi avoir choisi la cité des peintres ?

Nous avons acheté un terrain à Honfleur près de la maison de ma belle-mère, pour y réaliser notre maison de campagne. J'ai acheté un vieux pressoir Normand dans les champs dont suis tombée amoureuse. Nous l’avons démonté puis remonté. Mon mari était très Parisien, moi pas du tout. Alors je lui ai proposé de venir s'installer dans la région définitivement. À Paris, nous avons présenté le projet à nos salariés. Nous leur avons fait visiter le site : c'était un champ avec des vaches ! Ils ont accepté de nous suivre et aujourd’hui ont tous acheté une maison ici. Depuis nous sommes passés de 60 à 350 salariés !

Comment conciliez-vous votre vie de famille, votre vie professionnelle et votre statut de femme engagée ? 

Je dis toujours à mes enfants que nous avons l'éternité pour nous reposer. Maintenant qu'on est dans cette vie, il faut vivre. J'essaye aussi de leur expliquer que nous avons plusieurs rôles à tenir : notre vie de famille, notre réalisation professionnelle, et pour la communauté, le respect de la nature. J'ai créé Anne Fontaine Foundation en 2011 pour que la mode et l'art s’unissent pour la restauration de la forêt atlantique brésilienne. Une fois par an, j’organise le « Forest Day » dans toutes nos boutiques : ce jour-là, 50% des ventes reviennent à la Fondation. Quand j'ai créé cette Fondation pas mal d'amis dans le milieu de l’art m'ont offert leurs œuvres. On a donc décidé de faire une première vente à New-York. L’année dernière elle a eu lieu chez Sotheby’s à Paris. La prochaine se déroulera en Chine.

Quelles sont vos adresses incontournables sur la Côte Fleurie ?

Le SaQuaNa à Honfleur reste mon restaurant favori. J’adore les glaces de Martine Lambert et les fromages de Chez Madeleine, place du marché à Deauville. À Trouville, j’aime aller aux 4 chats, et j’ai découvert dernièrement Les Cures Marines. Nous y avons organisé notre séminaire Europe.