Christiane Head-Maarek

Chrisiane Head-Maareck

"Avec Trêve, je vis un conte de fée"


ELLE A GRANDI AU HARAS DU QUESNAY, près de Deauville, au sein d’une famille entièrement dédiée aux pur-sang. Christiane Head-Maarek, dit « Criquette », tentera au mois d’octobre le pari fou de remporter un 3e Arc de triomphe consécutif, avec sa jument Trêve. Du jamais vu.


Que vous évoque la saison estivale à Deauville ?


Il y a de très bonnes courses au mois d’août sur l’hippodrome de La Touques. On a des jeunes chevaux qui débutent. C’est un meeting qui est très important pour les entraîneurs. Et il y a également Deauville-Clairefontaine, un très bon hippodrome où tout est très bien organisé et qui fonctionne très bien.

 

Vous avez grandi dans le monde des courses. Devenir entraîneur a-t-il toujours été une évidence pour vous ?


Depuis que je suis toute petite je demande à mon père de devenir entraîneur. Je ne pensais qu’à une chose, c’était monter à cheval. Dès que sortais de l’école, je montais. L’été, avant de partir à l’école, le matin, je montais un lot. Et toutes les vacances, j’étais fourrée dans l’écurie. J’ai toujours aimé cela. À l’époque -je suis née quand même en 1948- il n’y avait pas de femme entraîneur. Alors il me disait toujours : « Tu épouseras un entraîneur mais tu ne pourras pas entraîner toi même. Les femmes n’entraînent pas ».

 À quel moment avez-vous véritablement pu vous installer ?


Je me suis installée en septembre 77. 


Vous-a-t-il fallu beaucoup de temps pour vous faire une place ?


Moi si vous voulez, j’ai été un peu protégée par mon père car au début, beaucoup de gens pensaient que c’était lui qui entraînait mes chevaux. Cela m’a un peu aidé. Je passais à travers les gouttes. On ne m’imputait pas mes erreurs parce que l’on pensait que c’était papa qui les faisait. On n’avait rien à lui dire à lui. Cela m’a permis de faire mes preuves. Et très vite j’ai eu la chance d’avoir de bons chevaux. Et vous savez quand un entraîneur a de bons chevaux, c’est plus facile.


Et très vite vous gagnez le Prix de l’Arc de Triomphe.


Ma première course importante, mon premier Groupe 1, ça a été en 1978 avec Sigy. J’avais gagné le jour de l’Arc, le Prix de l’Abbaye de Longchamp. Et mon premier Arc, c’est en 1979, avec Three Troïkas. Mais j’ai eu la chance d’avoir des bons chevaux et des bons propriétaires. Cela aide beaucoup.


Depuis 3 ans, ce que vous vivez avec Trêve, c’est quelque chose d’incroyable.


Quand on a la chance d’avoir une jument comme ça, c’est un conte de fée. Cela descend du ciel. Il y a quelqu’un là haut qui s’occupe de moi. Gagner deux fois l’Arc avec un cheval, c’est rare. Et elle a une carrière fantastique. Cela compte aussi parce c’est mon père qui l’a fabriquée. C’est lui qui avait fait le croisement.


Vous tenterez début octobre de la conduire vers une 3e victoire consécutive dans l’Arc. C’est bien votre objectif ?


L’année dernière après son 2è Arc consécutif, les propriétaires avaient décidé de l’arrêter pour qu’elle rentre au haras. Et le mardi, après l’Arc, papa était dans la cour. Le père du Cheick Joann et le Cheick Joann lui-même sont venus voir la jument. Et le père du Cheick Joann s’est tourné vers mon père et a dit : « Vous feriez quoi vous Alec si elle était encore à vous ? » Et papa a répondu : « Moi je la garderais sans hésiter, quand on est bon à 4 ans, on est bon à 5 ans de la même façon ». Le Cheick Joann et son père se sont regardés et ont dit : « Alors on la garde ». On la garde avec l’objectif de gagner un 3è Arc. Alors on va essayer.


Et comment va-t-elle ?


Elle a fait une très bonne rentrée. Elle a très bien gagné. Si tout va bien, si elle n’a pas de souci, elle va courir le Grand prix de Saint-Cloud le 28 juin. Après, comme à Deauville il n’y pas de courses pour elle, si ce n’est le Prix Jean Romanet mais qui n’est pas tout à fait sur sa distance, elle va attendre le Prix Vermeilles qui est la course préparatoire pour les pouliches en vue de l’Arc. On va essayer de l’amener le mieux possible et voir si elle est capable de faire encore un exploit. 

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