Cigognes

Des cigognes sur la carte postale normande


Après « les vaches rouges, blanches et noires » ou les juments avec leur poulain sous des pommiers en fleurs, un autre animal pourrait bien devenir lui aussi, l’une des cartes postales du pays d’Auge. Les cigognes sont en effet très présentes en Normandie. Près de 300 couples de ce grand échassier blanc et noir, au bec et aux pattes d’un rouge vif, y sont recensés chaque année. Les colombages leur rappelleraient-ils ceux des habitations alsaciennes ? Plus sérieusement, selon Alain Chartier, membre du Groupe Ornithologique Normand (GONm) et spécialiste de ce volatile, « le milieu est vraiment favorable pour elles en raison des nombreuses zones humides présentes dans la région ». Il n’est donc pas étonnant que depuis les années 70, elles aient élu domicile sur le territoire du parc naturel régional du Cotentin et du Bessin, du côté d’Isigny-sur-Mer et de Carentan, dans la vallée de la Seine et le marais Vernier, près de Pont-Audemer, ou encore dans les marais de la Dives, de la Côte Fleurie au Sud du pays d’Auge.


Là, entre Cabourg et Biéville-Quétiéville en passant par Troarn et Hotot-en-Auge, sur quelque 6 000 hectares de prairies humides bordées de fossés et de canaux de drainage, aux berges souvent buissonnantes traversées par la Dives, plus de 60 couples de cigognes blanches sont comptabilisés chaque année. La grande majorité revient au printemps pour y nicher. Elles remontent d’Afrique et choisissent souvent un vieil arbre étêté pour y construire leur nid. Mais pour les aider dans leur tâche, les Maisons de la nature et autre Maison de l’Estuaire, en collaboration avec le Groupe Ornithologique Normand, installent des nichoirs artificiels. Il s’agit de poteaux d’une dizaine de mètres de haut, surmontés d’une plate-forme. Ils sont érigés à des endroits stratégiques, souvent au milieu d’un alignement d’arbres, en pleine zone nourricière propices à ces migrateurs. Des plateformes de nidification ont également été installées par les services d’ERDF suite à des accidents sur des lignes électriques.


Tant dans les marais de la Dives que dans la vallée de la Seine et le Parc des marais du Bessin et du Cotentin, ces installations ont séduit les couples de cigognes. Les très nombreux cigogneaux qui sortent de leur coquille sous le ciel normand, en sont la preuve vivante. Les parents les nourrissent jusqu’à leur premier envol qui aura lieu à l’âge de 60 jours. Ils mangent des grenouilles, des lézards, des vers de terre, des poissons, des sauterelles, des escargots... Ces petits sont repérés, suivis et bagués alors qu’ils n’ont que quelques semaines.


Ces bagues permettront ainsi d’analyser leurs déplacements et de déterminer les voies de migration, les zones d’hivernage et de nidification. A la fin du mois d’août, les cigogneaux s’envolent vers l’Afrique et n’en reviendront que 3 ou 4 ans plus tard lorsqu’ils seront adultes. Quant aux parents, ils s’envoleront en septembre pour revenir en février ou mars.


Mais de plus en plus de familles de cigognes restent en Normandie toute l’année. Des sites font l’objet de suivis très réguliers de l’automne à la mi-décembre. Les recensements effectués montrent que ces cigognes blanches hivernent bien sur le sol normand et particulièrement sur le territoire des marais de la Dives, région la plus fréquentée par les cigognes hivernantes depuis l’hiver 2004/2005.


« L’effectif atteint en 2015 marque un tournant dans la mesure où la progression du nombre d’individus est inédite par son importance. C’est aussi la première année que des opérations visant à identifier en masse les cigognes hivernant dans cette région, permettent d’avoir une idée plus précise de leurs sites de nidification 2015». 


En tout 96 cigognes ont été identifiées lors de cet hiver d’observation 2015/2016 dans les marais de la Dives : 15 dans la vallée de la Seine et 74 dans le parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin.


Tous les ans, le pourcentage de cigognes blanches présentes en Normandie augmente de 10%. L’an passé, quelque 1 200 ont survolé la région mais seulement 260 d'entre elles ont niché dans les 3 secteurs que sont les marais de la Dives, le territoire du parc de marais du Cotentin et du Bessin et la vallée de la Seine, pour donner naissance à environ 600 jeunes.


Les premières cigognes ont gagné les terres normandes en 1970. D'un seul couple à l'époque, elles sont à aujourd'hui 260.




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