Claude Lelouch

Claude Lelouch

Liberté et positive attitude


DEPUIS LA PALME D’OR du Festival de Cannes en 1966 et les 2 Oscar reçus en 1967 pour son film Un homme et une Femme, Claude Lelouch a cultivé la liberté de créer. Avec Nos plus belles années, diffusé hors compétition lors du festival de Cannes en mai dernier, le cinéaste reprend la leçon d’optimiste de Victor Hugo : les plus belles années d’une vie sont celles qui n’ont pas encore été vécues.Lorsque l’on demande à Claude Lelouch ce que représente Un homme et une femme dans sa vie, il répond spontanément « ma liberté ».

Et d’enchaîner : « J’ai réalisé ce film à 27 ans. Il a été vu par plus d’un milliard de personnes dans le monde ! Ce fut ma liberté financière. Celle qui m’a permis de créer encore plus. » Avec cette réussite, il achète la maison de son enfance. Celle devant laquelle il passait avec ses parents lorsqu’il venait en vacances à Villers-sur-mer. « Nous venions à Villers parce que mes parents n’avaient pas beaucoup de moyens. Villers c’était le Deauville des pauvres. » 

Alors il y a 50 ans, après son premier succès, Lelouch souhaite acheter une maison « Je me suis dit que j’allais dire merci à Deauville en y achetant une maison. J’ai visité un manoir sur le mont Canisy et je suis allé à Auberville, sur les hauteurs de Villers et des falaises des vaches noires. J’ai revu le manoir que j’admirais lorsque je venais avec mes parents. Enfant je me disais que je l’achèterai plus tard. » En passant, il rencontre par hasard le propriétaire ratissant le jardin de la propriété en vente depuis… la veille. 

Son premier succès lui a permis d’acheter sa madeleine de Proust, cette maison qui a vu ses enfants grandir, sa famille se réunir, cette maison qui l’attendait. « Je suis Parisien avant tout mais je viens à Villers quand je ne vais pas bien. C’est ma pharmacie naturelle. J’espère être enterré à Auberville, là où sont enterrés mes parents. » Et d’ajouter « mon bonheur c’est de me promener, de faire mes 7 kilomètres sur les falaises des vaches noires qui sont encore un peu sauvages. C’est vraiment mon grand plaisir. »

Mais le succès n’a pas toujours été au rendez-vous dans la carrière de Claude Lelouch. Certains de ses films n’ont pas rencontré le public : « C’est comme si le public m’avait fait cocu. Le public n’était pas au rendez-vous. J’avais fait un film mais le public n’est pas venu. Dans un couple, celui qui est cocu a toujours tord. Alors j’ai toujours assumé mes échecs et je me suis renforcé pour mieux réussir ». Et à 81 ans, ce n’est pas sa raison qui l’emporte : « J’écoute moins ma conscience que mon inconscient. Mon inconscient va me faire prendre des risques, créer des choses, me permettre de me dépasser. Alors que ma conscience va parler business, chiffres, marketing. J’écoute mon inconscient pour créer et aller plus loin. » 

Mais combien de film a-t-il encore en tête ? « Trois ou 4 qui pourraient sortir d’ici les 4 prochaines années parce je ne me vois pas tourner après 85 ans. C’est moi qui filme tout et à 85 ans je ne suis pas sur d’avoir assez de force dans les bras. Parce que le matériel, je le tiens à la force de mes bras. » Alors qui comme digne successeur ? « Il y en a plusieurs. Nicolas Bedos par exemple, Damien Chazelle, réalisateur de La la land. Il faut que la jeunesse émerge dans ce cinéma. »


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