côte fleurie ce fabuleux décor de cinéma

La Côte Fleurie, ce fabuleux décor de cinéma


UN GRAND ROMAN, deux acteurs au sommet, des dialogues époustouflants, une mise en scène efficace et une ville isolée sous la pluie d’hiver. Voici les clefs du succès d’Un singe en hiver. Ce film s’est inscrit dans la mémoire collective et a bouleversé à jamais la petite station balnéaire de Villerville lorsqu’elle a accueilli en 1961 et 1962, l’équipe de tournage dirigée par Henri Verneuil avec ses deux stars, Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, dont c’était la première et dernière rencontre devant la caméra. Pour rester fidèle au roman d’Antoine Blondin, la commune fut renommée Tigreville. Les lieux du tournage, encore visibles aujourd'hui, sont à découvrir au cours d’un circuit pédestre. Le Cabaret Normand, le célèbre café où Jean-Paul Belmondo commande un Picon-bière, et l'Hôtel Stella tenu par Jean Gabin, sont quelques-uns des lieux qu’il est donné de découvrir durant cette balade.

En 1955, c’est à Villers-sur-Mer, sur la plage au pied des falaises des Vaches noires, que François Truffaut posait sa caméra pour filmer la fameuse scène finale du film Les Quatre Cent Coups (1959). Le jeune Jean-Pierre Léaud, alors âgé de 14 ans, profite d’un match de foot pour s’évader d’un centre pour délinquants. Le travelling démarre dans la campagne, puis le gamin arrive sur la plage, descend un escalier, court vers la mer, met les pieds dans l’eau, se retourne et lance un regard à la caméra qui se fige sur le mot « Fin ».


Quarante ans plus tard, en 1995, Claude Lelouch choisit la même plage comme décor pour réaliser plusieurs séquences de son film Les Misérables avec Jean-Paul Belmondo, Michel Boujenah, Alessandra Martines, Annie Girardot, Clémentine Célarié, Philippe Léotard, Rufus, Philippe Khorsand, Jean Marais, Micheline Presle, Michaël Cohen, Ticky Holgado et Antoine Duléry. Les plans filmés nécessitent la construction d’un village où se situe l’auberge des époux Thénardier. Dans une scène où elle doit partiellement prendre feu, l’incendie mal maîtrisé la détruit entièrement. Claude Lelouch, effaré de voir son décor partir en fumée, laisse pourtant tourner les caméras et décide d’intégrer l’incendie dans son film, ce qui donnera à la séquence son aspect réaliste et dramatique. Mais l’autre morceau de bravoure de ce tournage, c’est la reconstitution sur la plage du Débarquement du 6 juin 1944 à Omaha Beach, avec des centaines de figurants, des blindés amphibies et des parachutistes dans le ciel normand. La séquence tournée en une journée est restée dans la mémoire de tous les Villersois.


Le cinéma choisit également Deauville comme décor. En 1965, Claude Lelouch s’échappe de Paris et roule jusqu’à la cité des Planches, stoppe sa voiture face à la plage et s’assoupit. Au petit matin, le jeune réalisateur aperçoit au loin sur le sable, une femme et son enfant. Que faisaient-ils si tôt à cet endroit ? Son imagination lui suggère une réponse, il a son histoire… Celle d’Un homme et une femme, sorti en 1966, qui devient l’un des films français les plus connus au monde et participe grandement à la notoriété internationale de Deauville. C’est face à la grande place, près des bains pompéiens, que Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée se retrouvent. Il lui fait des appels de phares, elle court vers lui… Dabadabada, dabadabada… Sélectionné au Festival de Cannes la même année, le film reçoit entre autres la Palme d’Or puis l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood.


Dans Nous irons à Deauville (1962) de Francis Rigaud, avec Michel Serrault, Louis de Funès, Claude Brasseur, Michel Galabru et Jean Richard, la station balnéaire normande est présentée comme lieu de villégiature idéal pour des gens modestes. La location est une maison un peu vieillotte, on se déplace à vélo ou en scooter, on profite de la plage, du champ de courses et des promenades sur les Planches. Les Planches se distinguent également dans Le Baron de l'écluse (1960), où Jean Gabin est installé sur la terrasse du Bar du Soleil pour écouter un concert de trompes de chasse. Les fans de Gabin n’hésiteront pas à passer devant sa propriété, la Villa « La Malmaison », qui se situe à l’angle de la rue Hunebelle et de la rue Victor Hugo. Il la rebaptisera « La Grande Villa » et l’habitera durant 13 ans, de 1961 à 1974. 


Dans Je suis timide mais je me soigne (1978), Pierre Richard tombe amoureux d’une femme et la suit à travers la France. Le Grand Blond maladroit visite ainsi Nice, Vichy et… Deauville. Depuis la plage, l’acteur tente de maîtriser son char à voile et traverse les Planches, passe non sans mal devant l’Hôtel Barrière Le Normandy***** avant de terminer sur la route. L'une des scènes les plus hilarantes.

La plage de Deauville est également à l’affiche, au sens propre comme au figuré, de La vérité si je mens de Thomas Gillou (1997) avec Richard Anconina, José Garcia, Bruno Solo, Vincent Elbaz et Gibert Melki. Des scènes du film Comme la lune de Joël Seria sorti en 1977 ont aussi été tournées à Deauville. On y voit Jean-Pierre Marielle dans toute sa splendeur !

Je reste (2003), film de Diane Kurys, s’inspire d’un genre très prisé à l’âge d’or hollywoodien : la comédie du remariage. Elle réunit un trio de charme composé par Sophie Marceau, Vincent Perez et Charles Berling. Lovée entre Deauville et Villers-sur-Mer, la plage de Blonville-sur-Mer est le théâtre de la fameuse scène de cerf-volant entre Sophie Marceau et Charles Berling. On y remarque également une villa avec accès direct à la plage où furent tournées des scènes en intérieur comme en extérieur. C’est Diane Kurys qui tenait à tourner dans cette maison repérée lors de ses promenades entre Deauville et Villers-sur-Mer. 


Scène introductive du film Nous irons à Deauville (1962), la gare de Deauville, encombrée de voitures et brouillée par une multitude de klaxons, représente significativement le début des vacances mouvementées de Louis de Funès et de Michel Serrault. Cette comédie familiale de Francis Rigaud se regarde aujourd’hui tel un documentaire sur Deauville au début des années 60, à une époque où les Français de classe moyenne découvrent les joies des vacances en bord de la mer.

Légitime Violence, thriller politique très sombre de Serge Leroy avec Claude Brasseur, Véronique Genest et Thierry Lhermitte, a vu sa plus célèbre scène tournée dans le hall de la gare de Deauville-Trouville. Une fusillade fait alors un carnage parmi les voyageurs en attente de leur train. La scène se termine par la une du Figaro du lendemain avec pour gros titre : « Massacre à Deauville ». Parmi les tueurs, Christophe Lambert sera reconnu dans l’un de ses premiers rôles.


En 2009, à Saint-Pierre-sur-Azif, à deux pas de Deauville, l’acteur américain Brad Pitt tourne un spot publicitaire pour une marque de téléphonie japonaise. Certes, ce n’est pas vraiment du cinéma même si la publicité a été tournée par Wes Anderson (The Grand Budapest Hôtel). Mais le réalisateur y rend hommage à Jacques Tati et son film Les Vacances de Monsieur Hulot avec une Deux Chevaux Citroën, une course cycliste et une jeune femme topless qui pique-nique. Le tout sur la chanson de France Gall, Poupée de cire, poupée de son. Pour l’anecdote, la jeune femme, c’est Camille Cottin qui tournera plus tard avec Brad Pitt dans Alliés de Robert Zemeckis.

Passage obligé par Cabourg et son Grand Hôtel qui ont servi de décor aux tournages des trois volets du film Le cœur des hommes (2003, 2007, 2013) de Marc Esposito avec Bernard Campan, Gérard Darmon, Jean-Pierre Darroussin et Marc Lavoine. Mais c’est aussi et surtout dans la salle de restaurant que se déroule la scène finale d’Intouchables (2011) d'Olivier Nakache et d'Eric Toledano. Omar Sy, qui décrochera le César du meilleur acteur, y conduit François Cluzet à une table pour lui présenter son invitée surprise… Le Grand Hôtel au cinéma, c’est aussi La Boum, comédie réalisée en 1980 par Claude Pinoteau qui lancera la carrière de Sophie Marceau, On ne meurt que deux fois de Jacques Deray, avec Michel Serrault et Charlotte Rampling (1985), Coco avant Chanel (2009) d'Anne Fontaine, avec Audrey Tautou et Benoît Poelvoorde, ou encore Voyez comme on danse (2018) de Michel Blanc avec Jacques Dutronc et Charlotte Rampling.


La cité Honfleuraise a elle aussi ses tournages célèbres. Entre le vieux bassin, la côte de Grâce, la Lieutenance ou encore l’église Sainte-Catherine, Honfleur a souvent joué un rôle au cinéma. Dans l’ordre d’apparition sur les écrans, Les Trois Mousquetaires (1953) d'André Hunebelle, avec Georges Marchal et Bourvil, L'Homme à la Buick (1967) de Gilles Grangier, avec Fernandel et Danielle Darrieux, Les Malheurs d'Alfred (1971) de et avec Pierre Richard, Nous ne vieillirons pas ensemble (1972) de Maurice Pialat, avec Marlène Jobert et Jean Yanne, Docteur Françoise Gailland (1975) de Jean-Louis Bertuccelli, avec Annie Girardot et Jean-Pierre Marielle, La Chambre verte (1977) de et avec François Truffaut et Nathalie Baye, le générique de début de La Coccinelle à Monte-Carlo (1977) montrant Choupette (la Coccinelle) traversant le quai Sainte-Catherine avant de disparaître derrière la Lieutenance, Tendre Poulet (1978) de Philippe de Broca, avec Annie Girardot et Philippe Noiret, ou encore Le Quatrième Pouvoir (1985) de Serge Leroy, avec Philippe Noiret et Nicole Garcia.






Share by: