Eric et Quentin

Eric et Quentin

« Notre duo est né d'un mensonge  » 


ÉRIC METZGET ET QUENTIN MARGOT seront sur la scène du Festival Estuaire d’en Rire de Honfleur. Le duo a délaissé le petit écran pour présenter son dernier spectacle intitulé On peut plus rien rire. Rencontre.


Vous souvenez-vous de votre première rencontre ?

Quentin : Oui, tout a fait ! ça devait être un midi à la pause déjeuner lors d’un tournage du service après-vente d’Omar et Fred sur Canal +. Eric, je ne me trompe pas ?


Eric : On était à un déjeuner dans un restaurant en face de Canal +. J’étais assis quasi en face de Quentin. Il y avait Omar, Fred et toute la prod’ et je me souviens très bien parce qu’il y avait du sel et qu’il m’a dit « Tu peux me passer le sel s’il te plaît ? » et je lui ai répondu « Je t’en prie » et là il a rigolé. Il s’est moqué de moi et on a beaucoup ri. 


Quentin : Notre duo fonctionne beaucoup autour de la nourriture.


Eric : C’est vrai parce que le jour où j’ai été recruté officiellement, j’étais stagiaire et Quentin était déjà auteur au SAV, il m’a offert un couscous. Ça, ça m’avait beaucoup marqué. J’étais très heureux d’avoir un couscous. 


Mais comment votre duo est-il né ?

Quentin : D’un mensonge. On était donc auteurs sur le SAV d’Omar et Fred sur Canal +, et un jour, le producteur du Grand Journal nous contacte pour écrire pour Yann Barthès pour Le Petit Journal. Mais il nous contacte chacun de notre côté et en fait, nous comme on s’entendait bien grâce à Omar et Fred, on a dit au producteur qu’on était un duo, ce qui était complètement faux. C’est comme ça que l’on s’est retrouvé à faire des essais au Grand Journal tous les deux alors qu’on n’avait jamais bossé ensemble. Le duo est né comme ça, d’un mensonge en fait. 


Dans votre spectacle On peut plus rien rire, vous évoquez l’histoire du rire.

Quentin : À la base, on avait une première version de spectacle. L’idée c’était d’arriver sur scène et de dire « Bon bah, comment on fait un spectacle ? » et au bout de 20-25 pages, on s’est rendu compte que ça marchait pas. En discutant avec notre co-auteur Bertrand Delaire, on s’est dit qu’on venait dans une salle de spectacle pour rire. Mais est-ce qu’on sait pourquoi on rit, quels sont les tenants et les aboutissants du rire, pourquoi on rigole ? On est parti de cette question et de là, on a décrypté les mécanismes du rire à travers les siècles.


Eric : Ce qui était génial, c’est que plus on creusait plus il y avait des choses à dire et en plus c’était drôle à raconter. Et puis c’est un thème qui est tellement central dans notre société, le besoin de rire ! Il y a très peu de choses joyeuses dans l’actualité. On a besoin de rire, c’est un défouloir.


La forme du spectacle est également originale puisqu’on est sur une conférence. Pourquoi ce choix ?

Quentin : On a regardé pas mal de conférences où des gens racontent des anecdotes de leur vie pendant une heure. Les grosses conférences faites pour le lancement des iPhones nous amusaient aussi. On trouvait que c’était un moyen déjà original de monter sur scène et comme on a joué pas mal de parodies, on s’est dit que c’était un bon vecteur pour raconter l’histoire de l’humour.


Eric : On a joué la forme et le fond, c’est-à-dire qu’on fait une conférence, on fait une parodie de conférence, mais on utilise le cadre de conférence pour pouvoir dire des choses en vrai, intelligentes, recherchées, qui nous font réfléchir mais tout en gardant du drôle. En fait, c’est parfait comme alliance de fond et de forme.


Selon vous, est-ce qu’on peut rire de tout aujourd’hui ?

Quentin : La fameuse question ! 


Eric : C’est ce qu’on explique dans le spectacle. C’est une opinion personnelle. On peut rire de tout mais on a aussi la liberté de ne pas rire de tout et on oublie souvent cette liberté. On peut faire des blagues sur tout mais il faut accepter que les gens ne rient pas à propos de tout, qu’il y a des choses qui peuvent être blessantes, offensantes. Donc on a le droit de ne pas rire de tout sans être accusé tout de suite d’être un censeur, de ne pas être drôle, d’être un relou. C’est une liberté de rire, comme c’est aussi une liberté de ne pas rire. 


Le rire a-t-il changé au fil du temps ?

Quentin : Oui, surtout ces dernières années. On s’est rendu compte qu’il y avait du rire toxique, qu’il y avait du rire d’humiliation. C’est ce qu’on décrit dans le spectacle. Par exemple, on a retrouvé une vanne sexiste datant de l’Egypte antique. Donc ça veut dire que le rire sexiste a toujours existé. Il est en train d’évoluer doucement, mais ça a pris des siècles.


Eric : Parfois, on s’amuse à prendre une blague de l’Égypte antique, une autre blague de la Grèce antique puis on voit que ça ne fait pas du tout rire maintenant. Donc c’est aussi une temporalité dans le rire. Il y a des choses qui faisaient rire avant et même il y a 50 ans, 40 ans, 30 ans dans notre société et qui ne feraient plus du tout rire maintenant. Je ne pense pas que l’humour puisse traverser les siècles. 


Quentin : J’ai l’impression que l’humour vieillit assez mal bizarrement. C’est juste générationnel en fait. Je pense qu’il y a des sketchs d’il y a 5 ou 10 ans, qui ont déjà très mal vieilli.


Eric : Dans le spectacle, on essaie de tout voir justement. On a essayé de faire en sorte qu’il s’adresse aux personnes de 7 à 77 ans. Il y en a pour tout le monde et ça fait réfléchir.


Vous serez le 18 septembre à côté de Honfleur, à Beuzeville pour le festival Estuaire d’En Rire. Connaissez-vous la Côte Fleurie ?

Quentin : Moi je suis déjà allé à Honfleur. J’ai d’ailleurs mon yacht qui y est stationné en ce moment. Si vous voyez un bateau de 250 mètres, c’est le mien. Après personnellement, j’ai fait les classiques, Honfleur, Trouville… C’est une région magnifique !


Eric : Moi aussi, je suis allé chez des amis à Deauville. Mais c’était plus pour squatter une maison parce qu’ils étaient très riches. J’ai découvert aussi la région à travers le peintre Corot. J’ai vu qu’il traînait souvent dans le coin.




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