Eugène Boudin

Eugène Boudin père de l'impressionnisme


HONFLEUR. Il fut l'un des premiers peintres français à saisir les paysages à l'extérieur d'un atelier. Grand peintre de marines, il est considéré comme l'un des précurseurs de l’impressionnisme. Eugène-Louis Boudin est né à Honfleur le 12 juillet 1824, mais à l’âge de 11 ans, il suit sa famille de l’autre côté de l’estuaire de la Seine, au Havre. 


Très vite, le jeune garçon travaille en temps que mousse sur un bateau à vapeur assurant la liaison entre Le Havre et Honfleur. Son père l'établit ensuite comme commis chez l’imprimeur Joseph Morlent, puis chez le papetier Alphonse Lemasle. Eugène Boudin commence à travailler l'année suivante comme assistant dans une boutique de papetier-encadreur.


En 1844, il est âgé de 20 ans lorsqu’il fonde avec un associé sa propre boutique de papetier-encadreur où il expose les œuvres des artistes de passage. Dans le cadre de son travail, il entre ainsi en contact avec des peintres des environs associés à l’école Barbizon. Deux ans plus tard, il abandonne le monde du commerce et se lance dans une carrière artistique. Il suit des cours à l'école municipale de dessin du Havre et ne se consacre alors qu'à la peinture.

En juin 1851, il rejoint la capitale et étudie la peinture au sein de l'atelier d’Eugène Isabey ainsi qu'au Louvre où il s'inscrit comme élève copiste. Eugène Boudin y réalise des copies de peintures de maîtres pour quelques amateurs, ce qui lui permet d'approfondir son apprentissage. 


A partir de 1855, il adopte un rythme de vie particulier, passant ses hivers à Paris et ses étés à Honfleur tout en séjournant régulièrement en Bretagne. Les 120 tableaux environ, recensés jusqu’à ce jour, décrivent les paysages proches de Honfleur : la Côte de Grâce, les pâturages en bordure d’estuaire, l’auberge Saint-Siméon, le port, le rivage à Honfleur ou Vasouy, la ville ou Le Poudreux.


Les trois-quarts des peintures sont datées des années 1856-1869. D’autres sont plus tardives : 1880-1885, 1888, 1890, 1891, 1897. L’artiste a donc toujours fait de fréquents séjours dans sa ville natale, malgré son installation à Paris et à Deauville.

Boudin fait sa première exposition en 1857 à Paris. La même année il parvient à vendre une vingtaine de ses toiles à l'occasion d'une vente aux enchères au Havre. Deux ans plus tard, il expose sa première toile au Salon à Paris, Un pardon à Saint-Anne-la-Palud, et se fait remarquer pour ses atmosphères et ses pastels originaux. Il reçoit conseils et hommages de Charles Baudelaire rencontré la même année alors que le poète est en villégiature chez sa mère. Il se lie également d'amitié avec Gustave Courbet qui, ayant remarqué une peinture de Boudin chez un commerçant parisien, cherche à rencontrer son auteur. Il rencontre aussi le peintre hollandais Johan Bartold Jongking et surtout un certain Claude Monet qu'Eugène Boudin initiera à la peinture en plein air, notamment lors des séjours à la ferme Saint-Siméon à Honfleur où se retrouvent régulièrement de nombreux peintres parisiens et normands. 


Eugène Boudin devient un expert en matière de rendu de tout ce qui est lié à la mer et à ses rivages. Il peint notamment de nombreux tableaux décrivant la vie des pêcheurs sur les ports et les marchés , ainsi que celle des familles bourgeoises du XIXe siècles sur les plages normandes et principalement à Trouville et Deauville.

S'il ne rencontre un succès public relatif qu'à l'approche de la soixantaine, son travail de peintre d’avant-garde est reconnu par les critiques et peintres impressionnistes dès les années 1870, les collectionneurs se mettant dès lors à acheter ses tableaux de paysage. Mais c'est surtout à partir de 1929 que le succès et la reconnaissance lui sont définitivement assurés.

L'importance du ciel et des effets atmosphériques dans ses peintures lui vaut d'être surnommé le « roi des ciels » par le peintre français Camille Corot, et le « peintre des beautés météorologiques » par Charles Baudelaire.

Peintre des paysages, Boudin attache en effet une grande importance au soleil, aux nuages, au ciel et à leurs effets changeants sur le paysage en mouvement.


Après l’année 1869, Boudin espace ses séjours à Honfleur, sans l’oublier totalement. En 1897, peu de temps avant sa mort, à Honfleur Boudin peint une dizaine de vues de l’avant-port et de la ville, la lieutenance, le phare de l’hôpital.

En 1898, alors qu'il est à Paris et se sent défaillir, il demande à mourir « face à la mer » et se fait transporter à Deauville où il décède le 8 août au matin dans la villa Breloque au 8, rue Oliffe. Il est enterré le 12 août au cimetière Saint-Vincent, dans le quartier de Montmartre à Paris.



Au cours de sa vie, il aura peint près de 4 500 tableaux et laissé autant de dessins, pastels et aquarelles. C'est le musée d’art moderne André Malraux du Havre qui possède la plus grande collection de tableaux de Boudin, avec 224 peintures dont de nombreuses esquisses et études, toutes exposées. Une grande partie provient du « legs Boudin » comportant 60 toiles et 180 panneaux, reliquat de la vente aux enchères, le 21 mars 1899, des œuvres retrouvées dans son atelier à sa mort.

Le Musée Eugène-Boudin à Honfleur possède en outre 93 œuvres de l'artiste. Ce musée a été créé en 1868 par Louis-Alexandre Dubourg, peintre honfleurais et ami de Boudin. Ce dernier enrichit les collections du musée en léguant à sa ville natale 53 de ses œuvres ainsi que 17 œuvres de ses amis Ribot et Hamelin notamment.



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