Fabien Lecoeuvre

Fabien Lecœuvre

"Mon diplôme à moi, c'est mon carnet d'adresses"


HONFLEURAIS D’ADOPTION, Fabien Lecœuvre est à la fois le spécialiste de la chanson française, l’attaché de presse de Michel Polnareff et le complice de Patrick Sébastien à la télévision.


Comme êtes-vous arrivé dans l’univers de la chanson française ?


Par hasard. Dans le cadre de mon diplôme à la Chambre de commerce de Paris, un samedi sur deux pour la je présentais un journal télévisé. J’y ai reçu Line Renaud qui faisait son énième rentrée au casino de Paris et venait parler de Paris-Line. On est en 78.

Quelques temps plus tard, elle m’envoyait une invitation à la Jonchère, chez elle, à Rueil-Malmaison. J’y ai rencontré Karen Cheryl qui m’a présenté un producteur de disques. Voilà comment je suis arrivé dans l’univers étincelant de la chanson.


Vous vous êtes très vite constitué un impressionnant carnet d’adresses.


Les métiers des relations publiques sont des métiers de vocation. C’est comme chanteur ou acteur. J’avais cette vocation et à l’époque, il suffisait d’avoir un bon répertoire téléphonique. C’était mon diplôme à moi. Mais mon Bac gestion-économie, mes 2 ans de fiscalité et mon année de droit, aidaient les artistes qui ne savaient jamais remplir une feuille d’impôts.


Comment s’est poursuivie votre carrière ?


J’ai travaillé dans les maisons de disques Carrère et AZ, puis j’ai été l’attaché de presse de Walt Disney pendant 7 ans avant de monter ma propre entreprise. Je me suis associé avec les enfants de Claude François. Nous avons ressorti ses disques, ses livres, ses DVD. J’ai fait le retour de Demis Roussos à l’époque de Quand je t’aime. J’ai lancé Jean-Luc Lahaye, les 2be3. J’ai fait le retour de Chantal Goya et, depuis 12 ans maintenant, je travaille avec Michel Polnareff dont j’ai déjà fait le retour en 2004, ainsi qu’une tournée triomphale en 2007. Là on recommence l’aventure puisqu’il sera en France aux alentours du 25 avril, pour une trentaine de dates. J’ai également lancé la célèbre tournée Âge Tendre et Tête de Bois dont j’ai géré la promo et la communication pendant 9 ans.


Et la télévision dans tout cela ?


Ce qui m’a amené à la télévision ce sont les livres. Je suis l’auteur de 55 ouvrages dont le célèbre Petit Lecoeuvre illustré, ce dictionnaire d’histoires des chansons. J’ai donc commencé à faire des télés pour parler de mes livres. Et puis un jour la productrice Dominique Cantien m’a proposé de co-animer une émission sur France 2 consacrée aux années 70. Puis j’ai fait Pour le plaisir sur France 3, trois fois par semaine. L’émission s’est arrêtée au bout d’un an et l’animateur a adressé un DVD de 3 émissions à Patrick Sébastien pour travailler avec lui. Il se trouve que je figurais dans deux d’entre elle. Et Patrick a dit : « c’est pas cet animateur que je veux, c’est l’autre. C’est Fabien Lecoeuvre le mec qui a le talent. Des animateurs il y en a plein mais des raconteurs d’histoires il y en a pas tant que ça. » Il a laissé un message sur mon répondeur : « Bon Fabien, tu passes dans mon bureau dans 2 heures ». Moi j’étais persuadé qu’il m’appelait pour Michel Polnareff. Il m’a dit : « Bon, ma poule, on va faire une émission ensemble. Tu raconteras les histoires des chansons des invités, comment ils ont commencé, leurs années de carrière, leurs succès ... et puis des trucs que l’on n’entend pas ailleurs. » Il avait signé une émission avec France 2. Là, je viens de tourner la 70è. Cela fait donc 10 ans. 


Qu’est-ce qui, selon vous, fait le succès de cette émission ?


Notre complicité transpire à l’écran. Elle va au-delà de notre entente professionnelle. Patrick est un complice vraiment important pour moi. J’ai énormément de considération et d’admiration pour lui. Il a une idée à la minute. C’est un garçon époustouflant. Et en même temps je pense qu’il a beaucoup de considération pour mon travail alors qu’il est moins visible que le sien. C’est un monsieur loyal, il est formidable et c’est un meneur de jeu. 


Parlez-nous de votre maison aux portes de Honfleur.


Je l’ai achetée en 96, ça fait 20 ans cette année. Ma fille avait 2 ans. À Paris, j’ai un appartement dans un immeuble haussmannien. Je n’ai pas de jardin, pas de terrasse. Pour qu’elle apprenne à faire du vélo, je voulais une maison. Et comme j’ai grandi à Vernon, aux portes de la Normandie, je me suis réfugié ici. C’est un ancien relais de Poste du milieu du XVIIe siècle. Je l’ai restauré au fur et à mesure.


Vous saviez que cette maison avait une histoire ? 


Oui car c’est l’ancienne maison de Gilbert Moreau, le photographe de Podium et de Salut les Copains entre autre, avec lequel j’ai fait beaucoup de livres. Il m’a raconté qu’ici il faisait beaucoup de photos de chanteurs. Cloclo bien sûr a fait beaucoup de séances photos ici et notamment La photo du 45 tours Le lundi au soleil. Ses fans savaient lorsqu’il venait. Ils attendaient devant la grille. Il leur faisait d’ailleurs descendre des cafés. Mais il y a eu aussi Jacques Dutronc, François Valéry, Eddy Mitchell, Dick Rivers ou encore Johnny Halliday pour la pochette de son vinyle Oh ! Ma jolie Sarah. Gilbert Moreau y faisait également des photos de charme pour le magazine Absolu. L’intérieur était transformé en véritable studio. Tous les plafonds étaient peints en noir. Mais avant cela, il y a eu Flaubert. Quand vous lisez Un cœur simple, il mentionne ce relais de Poste à Equemauville. Et l’été 1837 et 38, Victor Hugo a séjourné ici à 3 reprises.

Share by: