François et Valentin Morel

François & Valentin Morel

Père et fils sur la scène des Franciscaines


ILS SERONT AUX FRANCISCAINES DE DEAUVILLE le 11 mai pour la lecture de leur dictionnaire amoureux de l’inutile. Une première écriture père/fils qui au final a prouvé toute l’utilité d’une complicité familiale. Interview croisée.


Lequel de vous deux a eu l’idée de ce dictionnaire amoureux de l’inutile ?

François Morel : Oulala. Je sais plus parce que c’est une vieille idée en fait. Je crois que j’ai été sollicité il y a des années par quelqu’un que j’avais rencontré dans l’émission Le Fou du roi de Stéphane Bern au début des années 2000. Donc ça commence à dater. Et puis, il y a eu une chanson que j’ai chantée avec Antoine Sahler. Il l’avait écrite sur toutes les choses inutiles qui ne servaient à rien mais qu’on avait dans la tête. Peut-être que c’est parti de là cette idée de l’inutile. Tout d’un coup je me suis dit c’est drôle, on est avec son fils et on joue à faire des ricochets sur la rivières. Ça sert à rien mais c’est un bon moment de vie. J’étais bien incapable d’écrire un dictionnaire seul donc j’ai sollicité mon fils. Je trouvais que c’était bien d’avoir un projet familial. C’est une façon de resserrer les liens et d’avoir un projet commun. C’est assez rare.


Valentin Morel : Au départ, on était parti sur le dictionnaire amoureux de la gentillesse, mais on s’est dit qu’on n’allait pas réussir à faire 600 pages. On s’est rendu compte qu’un dictionnaire amoureux de l’inutile c’était plutôt assez amusant. Les idées arrivaient assez facilement et finalement c’était un sujet assez large et assez libre. On pouvait se permettre de raconter à peu près tout ce qu’on voulait.


Quelle est votre définition de l’inutile ?

François Morel : Je sais pas trop mais ce qui m’a intéressé c’est l’inutile indispensable, tous ces moments où on ne sert à rien sauf à vivre. On est dans une société où on nous demande d’être efficace tout le temps et finalement ce qu’on garde de la vie, c’est les moments où on n’a pas été efficace, comme ceux qu’on a vécu avec des gens qu’on aime. C’est un peu tous ces moments indispensables et heureux qui montrent qu’on est des êtres humains et qu’on n’est pas simplement des gens qui doivent être efficaces. 


Valentin Morel : On n’a pas pris l’écriture avec l’angle philosophique mais plutôt comme un amusement. On a pris tout ce qui nous semble ne servir à rien mais qui fait tout le sel de la vie. Le petit plaisir de tous les moments qui comptent plus que ce que l’on pouvait croire.


Comment s’est déroulée cette collaboration père/ fils ?

Valentin Morel : Je pense que c’était une envie commune de travailler ensemble. Je travaillais déjà sur ses spectacles en tant que technicien, mais là, on a pu avoir un projet artistique ensemble. C’est lui qui m’a proposé de le faire à 2, ce qui m’a angoissé au départ mais qui nous a permis de passer à une nouvelle étape dans la relation père/fils. Chacun écrivait de son côté. On écrivait chacun 5 articles par mois pendant 3 ans et on s’envoyait les articles à la fin de chaque mois. 


François Morel : On a décidé de se surprendre, de s’amuser. Ça a été une conversation comme ça pendant presque 3 ans. On pouvait parler de tous les sujets possibles et imaginaires avec le thème surprendre l’autre, amuser l’autre.


Etait-ce votre première collaboration ensemble ?

François Morel : Oui. Une fois il avait fait un court-métrage dans lequel il m’avait fait travailler, mais il m’appelait Papa. C’était rigolo. De temps en temps, il travaille sur mes spectacles mais je crois que c’est arrivé après l’écriture du livre qui était notre première vraie collaboration.


Est-ce facile de travailler avec son fils ?

François Morel : Oui c’était assez facile et agréable. On n’a pas tout à fait la même façon de travailler : moi je travaille plutôt en avance et lui, Il rend ses copies au dernier moment. Mais c’était agréable. Je trouve qu’il a écrit de jolis textes sur des thèmes que parfois je ne connaissais pas du tout et que je ne maitrisais pas du tout. Des thèmes peut-être plus contemporains, alors que moi j’avais plus de références anciennes. Je trouvais qu’il avait un regard assez sensible notamment sur des souvenirs de famille qu’il a décrit et qui m’ont fait plaisir .


Quel est le plus grand défaut de l’un et de l’autre dans le travail ?

François Morel : De travailler au dernier moment ! C’est comme le sport l’écriture, c’est une sorte d’habitude à prendre. Alors je le pressais toujours en lui disant « j’ai encore rien reçu et on est le 28 ». 


Valentin Morel : Il est souvent très calme mais s’il se met en colère, il en fait souvent un peu trop.


Et la plus grande qualité ?

François Morel : Il a une belle sensibilité et il est très personnel dans le sens où il ne répète pas ceux que les autres disent autour de lui. Il a une sensibilité qu’il sait exprimer et je trouve qu’il travaille bien quand il se met au boulot. Faut qu’il s’y mette c’est tout (rires).


Valentin Morel : Il avance rapidement. Il est hyper actif. Là, on est en train de travailler sur un nouveau document et il est déjà bien plus avancé que moi alors qu’on a commencé il y a 1 mois ! Il a une force de travail énorme.


Venir jouer à Deauville, ça a une saveur particulière pour vous ?

François Morel : Oui j’aime bien parce que ce n’est pas loin de chez moi et que je me sens bien. J’aime bien ce paysage. Je me sens très garçon de l’ouest. J’aime souvent aller à Villerville. J’aime bien m’y balader. C’est un coin auquel je suis vraiment attaché. Quant à Deauville, je prends beaucoup de plaisir à venir y jouer. A chaque fois, c’était des moments très chaleureux.


Valentin Morel : Mes parents sont de l’Orne donc c’est un coin que je connais bien. On venait passer des journées sur la côte et c’est toujours un plaisir de revenir pour voir la beauté des paysages. On allait à Villerville dans un très joli petit hôtel, le Bellevue. J’y retourne souvent avec ma copine. Ce sont des endroits que j’aime retrouver.


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