Gainsbourg

L'escapade normande de Gainsbourg et Birkin


CRESSEVEUILLE. Leur divine idylle aura duré 12 ans. En septembre 1980, Jane Birkin quittait Serge Gainsbourg pour rejoindre le cinéaste Jacques Doillon. L’acteur, chanteur, compositeur, interprète et la jeune actrice britannique s’étaient rencontrés sur le tournage du film Slogan de Pierre Grimblat. Leur histoire d’amour aura incontestablement marqué la décennie. 


En matière de chanson, Serge Gainsbourg a été son pygmalion, la propulsant au sommet des hit-parades internationaux en 1969 avec le sulfureux duo Je t’aime... moi non plus, initialement écrit pour et enregistré avec Brigitte Bardot. Un album aux 2 signatures Serge Gainsbourg-Jane Birkin suit en 1969. La voix enfantine de la chanteuse, parfois proche d'un simple souffle, son accent anglais prononcé, la rendent immédiatement reconnaissable. C'est le départ d'une longue collaboration qui aboutira à une œuvre quasi unique dans la chanson française. Plusieurs albums de Jane Birkin ont été Disques d’or dont Baby Alone in Babylone (1983) et Arabesque.


C’est la partie connue et mainte fois racontée, décrite et déformée aussi, du couple Gainsbourg-Birkin. Mais il est un épisode de leur vie commune qui reste méconnue du grand public. Les deux artistes ont possédé, à partir de 1974, une demeure dans le Pays d’Auge. C’est très exactement à Cresseveuille, petit village d’à peine 200 habitants à l’époque, situé non loin de Dozulé, qu’ils venaient se ressourcer environ 3 mois par an. « C'est une maison de curé que j'avais achetée avec l'argent du film « La Moutarde me monte au nez ». Un coup de folie », racontait Jane Birkin au journaliste Jacques Chancel en 1976. « J’ai adoré cette maison en Normandie ».

Il ne reste rien aujourd’hui de ce presbytère si ce n’est l’endroit, près du cimetière, où la bâtisse avait été construite. Mais les souvenirs de la présence du couple 10 ans durant restent bien présents. Beaucoup évoquent à la fois la simplicité et la discrétion des deux artistes qui s’étaient totalement intégrés à la population locale. Serge aimait s’y ressourcer loin du tumulte parisien, profitait pleinement de Jane et de leurs filles Charlotte et Kate, mais y travaillait également. Essentiellement la nuit. 


Il n’était pas rare de le voir traverser la commune au guidon de son vélomoteur ou s’installer au zinc d’un bistrot de l’une des bourgades voisines Quand il ne s’intégrait pas avec toute sa petite famille à une fête de village. « Je n’ai jamais photographié Serge dans sa maison normande », confie Tony Frank, son photographe attitré qui partage son temps entre Paris et Villers-sur-mer. « Mais en revanche, j’ai pris quelques clichés de lui et de Jane, à la même époque dans la maison de Régine, à Englesqueville-en-Auge, à l’occasion d’une petite fête ».



C’est aussi à cette période que Jane et Serge font la connaissance d’un certain Yul Brynner. L’acteur américain qui possédait le Manoir de Cricqueboeuf à Bonnebosq, une commune voisine, devient même le parrain de Charlotte. Et Serge celui de Mélody, l’une des filles adoptives du héros des Sept Mercenaires.





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