Ibrahim Maalouf

Ibrahim Maalouf

"Ce qui me passionne dans la musique c'est la rencontre"


AVEC SON FIDÈLE COMPAGNON DE ROUTE, le guitariste François Delporte, Ibrahim Maalouf est au programme du festival United Music of Deauville pour présenter son album 40 mélodies, revisitant les musiques qui le font voyager depuis plus de 20 ans de la manière la plus simple : une guitare, une trompette et 40 mélodies.


C’est quoi l’histoire entre la trompette et vous ?

Mon père est trompettiste et il a réussi à me convaincre. J’ai grandi avec la trompette dans mes oreilles et j'en ai beaucoup joué. Ma mère étant pianiste, j'ai également beaucoup joué du piano. Je suis donc trompettiste et pianiste.


Capacity to love, votre 17e album sorti en novembre, est complètement différent des précédents. Pourquoi ce virage ?

C'est pas vraiment un virage. Mes albums sont tous vraiment très différents les uns des autres. A chaque fois que je suis allé dans une direction, j'ai eu envie de bifurquer, partir sur autre chose la fois d’après. Bien sûr certains albums peuvent se ressembler un peu mais globalement, c'est quand même des albums très différents. Mais j’ai aussi l'impression que l’on vit une époque où on ne peut passer à côté de certaines choses vraiment très intéressantes. Des choses qui ont forcément de l’influence sur un musicien comme moi qui vient de la musique classique, du jazz, des musiques traditionnelles. J’écoute beaucoup de musiques d'aujourd'hui, des musiques qui sortent en radio... J’avais donc envie de me frotter à ça en essayant de faire quelque chose de très inspiré par l'écriture d'aujourd'hui.

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

J'essaie d'être très honnête avec moi-même, le plus authentique possible. J’ai à la fois la chance et le privilège qu’aucune maison de disque ne voulait de moi au départ. Alors j’ai monté mon propre label un peu la mort dans l'âme en me disant « Bon bah j'ai pas d'autre choix ». Mais cette initiative m'a rendu libre. Je fais les choix que j'ai envie de faire à chaque fois que j'ai envie de les faire. Quand j'ai envie de sortir un album je le sors. Quand j'ai envie de faire une tournée, je la fais. Cette indépendance est assez extraordinaire. Je souhaite ça à tout le monde. Je ne sais pas quel regard je porte sur ma vie de musicien, mais ce qui est sûr c'est que j'ai eu beaucoup de chance qu’aucune porte ne ce soit ouverte au tout début dans ma vie. Ça m'a poussé à créer mon propre chemin.


Vous aimez vous produire avec des musiciens d'univers différents. En quoi cet exercice vous plaît-il ?

La rencontre, c’est ce qui me passionne dans la musique. À chaque fois que je peux provoquer des rencontres, c'est là où il se passe quelque chose. Au mois de mars, j'ai créé une rencontre avec le rappeur Joey Starr sur la scène musicale à Paris-Boulogne. Durand trois soirées, j’improvisais complètement et lui récitait ses textes. On était vraiment un duo. C'est cette rencontre qui me passionne et rien d’autre.


Vous serez en concert le 20 mai à Deauville pour présenter 40 mélodies avec François Delporte à la guitare. Parlez-nous de ce duo.

Depuis toujours j’aime jouer avec beaucoup d'orchestres autour de moi, beaucoup de monde, des percus, des danseurs, des danseuses, des musiciens, des cuivres... J'aime l'orchestration, les grandes formations, les chorales... Mais depuis quelques années j'ai senti que j'avais besoin de retrouver une forme d'intimité dans mon jeu, dans ce que je propose. J’ai eu envie d'aller juste chercher l’essentiel comme quelqu’un qui fait une forme d’introspection. Il y a quelque chose de très introspectif dans ce programme. Je l’ai créé pour fêter mes 40 ans. J’ai enregistré un disque avec François qui s'appelle 40 mélodies car on a vraiment joué 40 mélodies de tout mon répertoire, entre les musiques de films et les différents albums. Et on a plein d’invités comme Sting, Arturo Sandoval, Marcus Miller... C'est un vrai album anniversaire et c’était vraiment un moment de paix. J’avais vraiment envie d'aller à l'essentiel. Ce duo est né comme ça.


Deauville et la côte normande vous connaissez ?

Oui je connais bien. Quand j’étais jeune, on y venait en famille. Ma mère aimait beaucoup venir y prendre l’air, marcher au bord de la mer. Donc dès qu'il y avait des vacances scolaires, mes parents nous mettaient dans la voiture, ma grande sœur et moi, puis on allait en voiture à Deauville. On passait deux jours au bord de la mer et on revenait. Ça nous faisait beaucoup de bien, c'était très agréable. Je garde un souvenir d'enfance à Deauville.



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