Jonathan Lambert

Jonathan Lambert

La côte fleurie n'a aucun secret pour lui


EN FÉVRIER DERNIER, Jonathan Lambert montait pour la première fois sur les planches du théâtre de Deauville et présentait son tout dernier spectacle, Looking for Kim le Dictatour. Mais entre l’humoriste et la Côte Fleurie l’histoire est bien plus profonde.


Dans votre spectacle, Looking for Kim le Dictatour, vous tournez en dérision la vie des dictateurs qui ont marqué l’histoire. Pourquoi ?


Il faut se moquer de ces gens là. Il ne faut ni les respecter ni les craindre parce que ce sont des monstres. En fait, la dictature c’est un OneManShow qui a mal tourné. C’est quand même un type qui est seul sur une scène. Nous on est face à un public, eux ils sont faces à une nation. Nous ça dure le temps d’un spectacle, eux ça peut durer 30, 40 ans. Nous à priori on est là pour faire rire, eux malheureusement ils sont là pour faire souffrir. Et puis il y a une part de spectacle dans leurs façon de se mettre en scène, de prononcer leur discours, leur accoutrement. Castro c’était sa barbe, le cigare, la veste militaire. Hitler c’était ses culottes de cheval, sa mèche et sa moustache. Saddam Hussein était toujours tiré à quatre épingles. Il y a une part de spectacle dans leurs propres mises en scène pour faire passer leurs abominations, leurs messages, leurs statuts, leurs personnalités. Je trouvais que c’était assez fascinant. Ce n’est pas évident de faire rire avec ça, mais c’est aussi le principe : tout tourner en dérision, ne rien s’interdire et prendre le parti d’en rire.

Sur quels critères avez-vous choisi ces dictateurs ?


J’ai lu beaucoup de biographies, j’ai parcouru beaucoup de documents. Mais la liste est non exhaustive. Je parle, me semble t-il, des plus connus, des plus tristement célèbres. Il ne s’agit pas de raconter les horreurs qu’il ont pu perpétrer, ni de dire que c’était des salauds. On n’a pas besoin de moi pour le savoir. Mais c’est plutôt d’aller chercher des petites anecdotes dans leurs comportements, dans leur folies mégalomaniaques qui étaient très révélatrices de leurs personnalités. C’est une façon de prendre un truchement et de décaler le propos pour faire rire. Par exemple, il y a une légende qui dit qu’Hitler n’avait q’un testicule. Forcément on a plus envie de se foutre de sa gueule quand on sait que Trujillo, qui était le dictateur de la République Dominicaine, avait fait bâtir 1870 statues à son effigie sur un territoire qui est plus petit que le Calvados. Ca remplace les calvaires. Les Ceausescu mettaient leurs propre fille sur écoute tellement ils étaient paranos. Avant le JT, certains apparaissaient en espèce de Dieu sur tous les écrans : l’un se faisait surnommer « bienfaiteur de l’Humanité», l’autre « Régénérateur des âmes », évidemment « Chef des Armées », « Chef bien-aimé », « Président à vie » … On se demande comment on en arrive là. C’est grotesque et pourtant ça a existé.


Vous vous êtes produit à Deauville. Est-ce une ville que vous connaissez bien ?


Je la connais très bien parce que j’ai passé toutes mes vacances d’été enfant ici. La plage, les parasols colorés… Mais pas seulement à Deauville. Sur toute la Côte ! De Cabourg à Honfleur même le Havre. Je connais très très bien. Et dans les terres, Pont l’Evêque jusqu’à Lisieux. Je sais où faire mes courses (rires).


 Et où faite-vous vos courses ?


Je vais volontiers le samedi au marché à Deauville, le dimanche à Trouville, le lundi à Pont l’Evêque. Je vais acheter mes gâteaux chez Jean-François Foucher à Deauville, parce que c’est le meilleur Saint-Honoré du monde (lire page 57). Je vais acheter mon cidre à Pennedepie au domaine d’Apreval. Ma soupe de poisson chez Saiter, sur le port à Trouville. Je prends plaisir à aller dîner aux Quatre chats, à venir prendre un verre au bar du Normandy, parce que c’est un lieu qui reste mythique, à aller me balader sur la plage. Je me baigne jusqu’en octobre et j’ai fais le Triathlon de Deauville ! Et pourtant je n’avais jamais joué ici. Il aura fallu attendre mon troisième spectacle pour que je joue à Deauville. C’était une date importante pour moi.


Quel est votre meilleur souvenir sur la Côte Fleurie ?


Il y avait cette piscine quand elle était encore ouverte, la piscine extérieure. J’ai sauté du 10 mètres ! Le plongeoir existe toujours mais il n’y a plus que des fantômes qui peuvent y sauter parce qu’elle est fermée. Mais ouais, j’ai sauté du 10 mètres. Et j’aime la marée basse. Quand je cours, je part de Trouville de l’école de voile et je vais jusqu’à Villerville. Il n’y a absolument personne. C’est un paysage lunaire. Il y a quelques rochers qui sortent du sable. La mer s’est retirée, quelques mouettes, juste trois ou quatre maisons qu’on peut voir. C’est un grand moment de quiétude.





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