Karl Zéro

Karl Zéro

"À Trouville je fais partie des meubles"


C’EST UN AMOUREUX INCONDITIONNEL de Trouville-sur-Mer. Karl Zéro y passe tous ses week-ends. Il y a sa maison, ses amis, ses adresses. Il y organise même en juin prochain, le Festival International du Film culte.


Racontez-nous votre première rencontre avec Trouville.


Je crois que la première fois que je suis venu, c’était avec un petit camarade américain. J’avais à peu près 8 ans et j’habitais Paris. Je n’étais pas vraiment habitué à voir la mer et j’avais trouvé ça absolument génial, mais je me disais qu’il pleuvait tous le temps.

Je suis revenu vers l’âge de 18 ans avec Daisy, mon épouse qui ne l’était pas encore. On y passait des week-end, on allait dans des petits hôtels et après on prenait des locations pour une semaine. Quelques années plus tard on a franchi le pas et on s’est acheté une petite maison de pêcheurs rue Guillaume le Conquérant. Nous l’avons gardée environ 12 ans et puis avec l’arrivée de notre troisième enfant on a pris une plus grande maison avec jardin. En fait, on est à l’origine de l’évolution de Trouville-sur-Mer en Boboland. On a été les premiers du monde des médias à venir s’installer pour le week-end à Trouville. C’est son côté authentique qui nous a touché. Je pense qu’énormément de gens maintenant le comprennent. Et ça nous amuse parce que finalement on a beaucoup de copains de la profession qui viennent s’installer.


Quelles sont vos habitudes sur la Côte Fleurie ?


Plein ! À Honfleur, on aime beaucoup dîner à La Chaumière ou aller à La Petite Chine. À Trouville, le Central bien sûr, les Vapeurs et les 4 Chats. Ca aussi c’est une longue histoire d’amitié puisqu’on a quasiment fait l’ouverture des 4 Chats. Ce qui a été d’ailleurs le premier repère des bobos. Sergio et Mumu avaient ouvert cet estaminet sympathique avec une cuisine un peu grand-mère, roborative. Nous avons été parmi les premiers. À l’époque il ne fallait pas réserver un mois à l’avance ! 


Pourquoi préférez-vous Trouville à Deauville ? 


Parce que je trouve que Trouville a gardé une âme. Quand on s’est installé il y a 25 ans, il y avait encore beaucoup de pêcheurs, beaucoup de gens tout à fait « normaux », ce qui nous changeait agréablement du monde féroce de la télévision. À Deauville c’était déjà plus riche, plus bling bling, plus classe sûrement, mais moins vivant. Je trouve que Trouville a su garder son âme. Et lorsque je me promène ici, personne ne m’embête. Je fais partie des meubles. 


Vous avez réalisé les autobiographies non autorisées de Bush, de Castro, de Poutine...


J’avais commencé par Chirac (Ndlr : Dans la peau de Jacques Chirac), qui avait obtenu le César en 2007 du meilleur documentaire ce qui n’était pas rien. Cela nous a permis de continuer. Le prochain ce sera Dans la Peau d'Hilary Clinton. Il passera sur Arte le 14 juin. Comme on en est au chapitre des annonces, on a aussi un film sur Yves Montand qui s’appelle Yves Montand l’ombre au tableau, qui sera diffusé le 15 mai.

 

Qu’est-ce qui vous plaît dans cet exercice ? 


De me mettre à la place des autres. C’est quelque chose qui est venu quand je faisais des interviews politiques. Du temps du Grand Journal sur Canal +, tout mon questionnement partait de ça : me mettre à la place de l’invité. J’imaginais les questions que je pouvais poser et les réponses qu’il allait me faire. Il y avait une forme d’empathie en réalité. Même si parfois elle était ironique ou moqueuse, elle n’était jamais agressive. Et je me disais que ça serait génial si une fois, une personnalité, un grand de ce monde, se mettait vraiment à raconter la vérité pendant 1h30. C’est ce que l’on essaie de faire à travers ces films. Il n’y a rien d’inventé. Il y a toujours le fruit d’une enquête. On essaie de savoir pourquoi il fait ça, comprendre son caractère, ce qu’il a fait de sa vie en passant par sa vie sentimentale aussi. Est-ce qu'il a de l’intuition ou pas. Est-ce qu’il est bon... C’est ça qui donne un portrait différent, parfois marrant d’ailleurs, mais différent. 


Parlez-nous du premier Festival International du Film Culte que vous organisez à Trouville en juin.


L’audace de ce festival, c’est qu’il y a des petits films différents, originaux, intelligents, inattendus mais qui n’arrivent pas toujours à trouver un débouché. Et souvent ces petits films là, s’ils ont de la chance, ils deviennent par la suite des films cultes. Mais encore faut-il leur donner une chance. Aujourd'hui beaucoup de distributeurs sont assez frileux et se disent qu’en salle ça ne va pas marcher. Alors ils le mettent directement en VOD ou en DVD. Nous, nous voulons aller chercher ces petites pépites, les proposer lors du festival. Celui qui gagnera le grand prix du Film culte 2016, aura d’office trouver un public. Il aura un billboard qui sera diffusé avant les films, et pourra sortir en salles. Ca va lui donner une chance. C’est ça la démarche. C’est d’essayer d’aider le cinéma différent. C’est l’écriture qui nous intéresse, c’est la réalisation et c’est l’originalité. 


En fait, entre Trouville, vos autobiographies non autorisées et ce festival, vous êtes toujours en recherche d’authenticité finalement. 


Oui, c’est beau ce que vous dîtes. C’est l’histoire de ma vie et c’est vrai que j’ai toujours préféré la réalité à la fiction. 




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