La promenade Claude Lelouch

La promenade Claude Lelouch.


VILLERS-SUR-MER. Claude Lelouch a désormais une promenade à son nom sur le front de mer. Il est vrai que la vie du cinéaste et la station balnéaire sont intimement liées. C’est ici qu’il a appris à marcher et c’est également sur cette plage, lui qui réside à deux pas, que le réalisateur d’Un Homme et une femme (1966), aime faire de grandes balades. « J'adore marcher au bord de la mer avec les pieds dans l'eau. Je peux marcher pendant une dizaine de kilomètres à marée basse. Je trouve que c'est un exercice physique extraordinaire et la plus belle des promenades » expliquait-il dans l’édition été de Côte Fleurie Magazine en 2016.


Sur un plan professionnel, Villers-sur-Mer a souvent servi de décor à ses films comme pour Une Fille et des Fusils (1965), Attention Bandits (1987) ou encore Hasards et Coïncidences (1998). Mais le tournage le plus mémorable est sans doute, en 1995, celui sur la plage, des Misérables avec Jean-Paul Belmondo. Les plans filmés ont nécessité la construction d’un village où se situait l’auberge des époux Thénardier. Dans une scène où elle devait partiellement prendre feu, l’incendie mal maîtrisé l’avait détruite entièrement. Claude Lelouch, effaré de voir son décor partir en fumée, laissa pourtant tourner les caméras et décida d’intégrer l’incendie dans son film, ce qui donnera à la séquence son aspect réaliste et dramatique.


Mais l’autre morceau de bravoure de ce tournage, c’est la reconstitution sur la plage de Villers-sur-Mer du Débarquement du 6 juin 1944 à Omaha Beach, avec des centaines de figurants, des blindés amphibies et des parachutistes dans le ciel normand. La séquence, tournée en une journée, est restée dans la mémoire de tous les Villersois. Le film a par ailleurs obtenu le Golden Globe du meilleur film étranger en 1996.


Claude Lelouch est très attachée à la Côte Fleurie depuis sa plus tendre enfance. « Cela me vient de ma mère qui est Normande. Je suis né à Paris mais dès ma naissance je passais mes week-ends en Normandie. Très vite, je suis tombé amoureux de cette région dont les lumières sont folles. Moi qui suis très sensible à la lumière, elles m'ont touché comme elles ont touché les peintres impressionnistes. Cette lumière normande est pour moi une chose fondamentale, essentielle », confiait-il à Côte Fleurie Magazine. « Je suis toujours venu en Normandie quand je traversais des moments difficiles, compliqués. Et j’ai toujours eu le sentiment que cette région cicatrisait mieux qu’ailleurs. J’en repartais toujours avec des forces. La preuve en 1965 avec Un homme et une femme : je suis arrivé à 2 heures du matin sur les Planches à Deauville avec l’envie de mourir et à 8 heures après avoir vu cette femme et son enfant marcher sur la plage, je repartais flambant neuf avec le scénario en tête ».


L’année suivante Un Homme et une femme sortait sur les écrans, obtenait la Palme d’Or à Cannes puis l’Oscar du meilleur film étranger et celui du meilleur scénario original aux Etats-Unis. L’endroit où le cinéaste avait stoppé sa voiture ce soir-là porte aujourd’hui le nom de Place Claude Lelouch.


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