Le geste sûr du barbier de Trouville

Le geste sûr du barbier de Trouville


« ON NE DEVIENT PAS BARBIER du jour au lendemain, il faut pratiquer. Plus vous rasez, plus vous ne faites plus qu'un avec le rasoir et sentez ainsi la peau. Vous sentez si elle est fine, épaisse, grasse... » Veste ou gilet noirs, chemise blanche avec boutons de manchette en forme de paire de ciseaux, Jacques Vauthier est intarissable sur son métier. 


Celui qui fut l'une des plus fines lames de la place de Paris s'est installé dans la cité chère à Savignac voilà maintenant 6 ans. « On venait tous les week-ends à Trouville où on avait un petit pied à terre, et à chaque fois, on repartait la mort dans l'âme ». Et lorsque pour son épouse, greffière au Tribunal de Grande Instance de Versailles, l'heure de la retraite a sonné, il ne s'est pas fait prier pour laisser derrière lui ses salons de coiffure Versaillais et venir ainsi exercer ses talents à Trouville. « Quand ma femme m'a dit « on s'en va », elle ne me l'a pas dit deux fois », sourit le barbier. « C'est même elle qui m'a trouvé ce local, idéalement placé, dans une ancienne garderie d'enfants. Et comme je voulais me démarquer, ne pas être un coiffeur parmi des coiffeurs; alors cela m'a semblé évident de faire coiffeur et barbier ». Le Barbier de Trouville (clin d'œil bien sûr au « Barbier de Belleville », le titre de Reggiani), était né au 20 Boulevard d’Hautpoul.


Moustache, collier et taille de barbe... Celui qui s'entraînait sur son père lorsqu'il a appris le métier – « la première fois je n'ai d'ailleurs pas fini sa barbe tellement j'avais la trouille » - en a fait du chemin depuis. Technique, souplesse du poignet, dextérité, Jacques Vauthier est un expert en la matière. Son geste est juste. Franc. Et quand on lui demande quels sont les secrets d'une bonne barbe, il n'hésite pas une seule seconde.


 « De l'eau très chaude pour assouplir le poil, un bon savonnage au blaireau. Comme on ne rase plus au coupe choux, on utilise un rasoir à lame dont la forme varie selon la force de la barbe et que l'on change à chaque client bien sûr », explique le maître barbier. « On passe ensuite la fameuse pierre d'alun pour enlever le feu du rasoir, puis on utilise une serviette chaude pour le bien-être de la peau. Et on termine par un after shave selon la sensibilité de la peau du client ». Et pour qu’une barbe soit bien taillée, Jacques Vauthier a aussi sa technique : « j’utilise une serviette blanche que je place sous la barbe afin qu'elle se détache. Cela permet une meilleure précision et évite ainsi qu'un coté ne soit plus long que l’autre ».


Et ses clients ne s’y trompent pas. Il y a bien sûr les habitués, des locaux et des parisiens. Parmi les plus illustres figurent le père des indignés, Stéphane Hessel, les comédiens Louis Velle ou encore Nono Zammit dont des affiches de spectacles trônent en bonne place dans ce salon à nul autre pareil. Sans oublier les occasionnels qui savent ce qu’est « une barbe à l’ancienne » et que la curiosité du savoir-faire du barbier aiguise.



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