Le Mont Canisy

Le Mont Canisy historiquement stratégique


BÉNERVILLE-SUR-MER. Depuis sa création en 1993, l’association Les Amis du Mont Canisy assure la sauvegarde du site de 27 hectares, la mise en valeur des ouvrages militaires et de leur environnement, l’organisation de visites avec des guides bénévoles, effectue l’entretien et réalise les différents travaux de réhabilitation. 


Mais les membres de l’association entretiennent également l’histoire de ce Mont acquis par le Conservatoire du Littoral en 1979. Une histoire étroitement liée à sa position dominante. Du haut de ses 110 mètres, il a une vue imprenable sur l’embouchure de la Seine, occupant ainsi une position stratégique essentielle. 


En 1762, sur ordre du duc de Choiseul, alors ministre de la Marine, une batterie d'artillerie côtière y est installée. Il s'agissait de mettre un terme aux exactions des pirates anglais venant régulièrement rançonner les navires marchands qui remontaient le cours de la Touques.


150 ans plus tard, au printemps 1916, des batteries d'artillerie sont chargées d’assurer la sécurité du filet anti sous-marin mis en place par la marine française entre le phare du cap de la Hève et les jetées du port de Trouville-Deauville. Objectif : interdire les attaques de sous-marins allemands venant torpiller les navires au mouillage en baie de Seine ou à l’intérieur du port du Havre.

Initialement conçue comme école à feu en 1937, une nouvelle batterie constituée de 4 canons de 138 mm, va assurer la protection de la baie de Seine et du filet anti-sous-marin qui sera réinstallé en 1939. Un projecteur de 1,5 mètre de diamètre complète le dispositif.


Le site sera abandonné le 14 juin 1940, après que les canons et le projecteur aient été neutralisés. Cette position stratégique ne passe évidemment pas inaperçue aux yeux des Allemands arrivés à Trouville-sur-mer le 19 juin 1940. Quelques mois plus tard, ils y installeront 6 canons de 155 mm, d'origine française (Saint-Chamond) d’une portée maximale de 18 à 20 km. Implantés au centre du site sur des encuvements circulaires en béton, tous seront opérationnels en février 1942.

Un poste de direction de tir, un poste de commandement, des soutes à munitions enterrées et des abris bétonnés pour les personnels, complèteront le dispositif d’une première génération d’ouvrages militaires. 


à la fin de l’année 1942, les reconnaissances aériennes de la RAF (Royale Air Force) justifieront les bombardements effectués sur le Mont Canisy qui apparait comme un point de défense parmi les plus importants de la côte normande. Alors pour se préserver de ce nouveau danger, dès le début 1943, les Allemands vont creuser, à 15 mètres sous terre, 250 mètres de galeries desservant les 6 encuvements par 6 escaliers. Ces galeries comprennent 25 alvéoles de casernement, 24 soutes à munitions, une infirmerie, 2 sanitaires et 2 citernes à eau. Le transport des munitions y est assuré par un réseau de wagonnets sur voie étroite.


Début 1944 à la suite de l’intensification des bombardements, les Allemands construisent des casemates pour protéger les canons. Mais pris de court, seules 3 casemates seront achevées le 6 juin. Ce jour J, dès 5h30, les cuirassés Britanniques HMS Warspite et Ramillies, commencent à bombarder le Mont Canisy. Les batteries allemandes ne tardent pas à répondre. Mais face à la portée limitée des canons, les navires se mettent hors d’atteinte et continuent à pilonner le site. Des escadrilles de l’US Air Force poursuivront le bombardement. Constatant la faiblesse de la riposte et la portée limitée des canons, le Commandement allié va décider de délaisser l’objectif et de ne pas engager l’opération commando prévue pour prendre d’assaut la batterie.


A l'approche des troupes de libération, les derniers occupants de la batterie fuiront les lieux au cours de la nuit du 21 août 1944. Informée par la population locale de cet abandon, la Brigade Belge Piron chargée de la Libération de « la Côte Fleurie », contourne alors la batterie pour rejoindre Deauville.


Après la guerre, quelques familles de sinistrés s’établiront dans les ouvrages abandonnés. Les derniers quitteront le site vers les années 1970. Les élus locaux souhaitant transformer cet espace en zone naturelle, ils le classèrent alors en zone non constructible. Puis en 1979, le Conservatoire du Littoral en fera l’acquisition et signera en 1993, une convention avec l’association Les Amis du Mont Canisy lui permettant d’exercer ses activités culturelles.


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