Les dominicaines

Les Dominicaines, maison d’arts et d'histoires


PONT-L’ÉVÊQUE. Alors qu'à Deauville, l’ancien orphelinat Saint-Joseph de la Congrégation des Sœurs Franciscaines est devenu cette année le nouveau pôle culturel de la ville, à Pont-l’Évêque, c’est l’ancien couvent des Dominicaines de l’Isle datant des XVIe et XVIIe siècles qui a été choisi pour abriter dès l’an 2000, l’Espace culturel de la ville.
Ce remarquable édifice en pans de bois accueillait des religieuses jusqu'en 1792 avant d’être réquisitionné pendant la Révolution Française. Une partie du monastère sera détruite au début du XIXe siècle pour y construire une nouvelle maison d’arrêt (1823), un tribunal (1828) ainsi qu’une gendarmerie (1843).


Au fil des siècles, l’ancien couvent fut habitation, justice de paix, école de musique et de garçons, café et restaurant ou encore magasin d’antiquités. Avant la guerre, on y recense 3 activités principales : salle de répétition de musique, salle de réunions de la compagnie des sapeurs-pompiers et salle de préparation militaire. Après la guerre, c’est le conseil municipal qui y siègera, puis la Croix Rouge et diverses associations culturelles. Autant d’occupations sans restauration d’ensemble ni volonté de mettre en cohérence l’architecture pourtant unique, endommagèrent et affaiblirent l’édifice, si bien qu’à la fin du XXe siècle, il fut dans un état proche de l’abandon.
Mais il y a 21 ans, au même titre que l’ensemble de ce quartier historique de Pont-l’Evêque, l’ancien couvent fut rénové et réhabilité pour devenir Les Dominicaines, un espace culturel à vocation muséale. Le bâtiment est intégré dans un environnement patrimonial riche : la place du tribunal et la fontaine de Brossard remise en eau, le Palais de Justice et l’ancienne prison, tous deux édifiés dans un style néo-classique par Harou Romain, plongent le visiteur dans un univers historique normand.


En 2002, cet environnement fut complété par un jardin de simples. Créé à partir de l’inventaire végétal du manuel des Dames de Charité et du registre mortuaire des Dominicaines, ce petit jardin présente les plantes médicinales que les sœurs pouvaient utiliser pour se soigner aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Entre 2000 et 2021, ce sont 21 programmations artistiques et patrimoniales qui ont été menées, soit plus de 90 expositions proposées et présentées sur les cimaises de l’ancien couvent. Toutes ces expositions ont été nourries grâce à différentes collaborations et rencontres avec des artistes, des galeries, des musées, des institutions régionales ou nationales. Tantôt monographiques, tantôt collectives, variant les supports et les matières, ces expositions n’ont eu d’ambition que celle de partager les regards portés sur l’art.


Dans l’ensemble de ces programmations, les artistes normands n’ont pas été oubliés :
L’hommage à Jean Bureau, peintre aquarelliste médecin et maire de la ville (2003), l’aquarelliste René Gillotin, natif de la ville, qui a offert un voyage De Constantinople à Tahiti (en 2006), la collection Peindre en Normandie (2002) ou bien celle du Frac Normandie Caen avec l’exposition Visages (2003), l’artiste Philippe Ségéral (2009), le sculpteur Axel Cassel (2015) et ces dernières années, avec l’accueil de l’illustrateur Paul Gros (2018), les affiches des expositions de Fernand Léger (2019) en écho avec l’ouverture récente du musée qui porte son nom à Argentan dans l’Orne, n’en sont que quelques exemples.
Au-delà de la valorisation du patrimoine pontépiscopien et du soutien à la création contemporaine, Les Dominicaines ont également pour objectif de rendre l’art accessible à tous, de contribuer et favoriser l’éducation culturelle et de créer du lien entre l’ensemble des acteurs culturels du territoire. Et c’est pour aller plus loin dans ces objectifs que la municipalité a décidé en 2002 de créer un relais artothèque, le premier et encore aujourd’hui le seul du pays d’Auge. Cet outil de sensibilisation et de diffusion de l’art contemporain permet de désacraliser une œuvre et ainsi de démocratiser l’Art en général.


Essentiellement constitué d’œuvres originales multiples (estampes, photographies, gravures...), ce système de prêt d’œuvres offre la possibilité à chacun d’apprivoiser une œuvre et de l’emporter chez lui pour une durée définie. «
Emportez l’Art chez vous », telle est la devise de l’artothèque de Pont-l’Évêque. Ainsi les structures culturelles locales, les entreprises, les écoles, les sites de loisirs ou encore les Offices de Tourisme, vivent cette expérience en empruntant une ou plusieurs œuvres comme il est possible de le faire pour un livre dans une médiathèque. 


Share by: