L'histoire des bains de mer

L'histoire des bains de mer


TROUVILLE FUT LA PREMIÈRE STATION BALNÉAIRE CRÉÉE. Suivront Deauville, Houlgate, Cabourg, avant que toute la côte, entre Honfleur et l’estuaire de l’Orne n’accueille villas et hôtels pour le plaisir et les loisirs d’une société aisée. À l’Ouest de l’estuaire de l’Orne, s’implanteront les résidences secondaires de la bourgeoisie caennaise et se développera un tourisme plus familial. 


L'initiative des bains de mer est britannique. Dès la fin du XVIIe siècle, la station de Brighton les met à la mode : on peut y prendre des bains dans des baignoires remplies d'eau de mer, réchauffée ou non, au sein d'établissements confortables et luxueux. En France, la mode des bains de mer s’est développée à partir des années 1840, pour des raisons thérapeutiques et d’hygiène. En 1812, M. de Paris fonde un petit établissement de bains à Dieppe, transformé dans les années 1820 en un nouvel établissement luxueux où la Duchesse du Berry lance la vogue des bains par ses séjours tous les étés, de 1824 à 1829. 


Les femmes, en maillots six pièces, se changent à cette époque dans des cabines installées sur des charrettes tirées par des chevaux. Ces charrettes les amènent directement dans l'eau où elles descendent par des escaliers, soutenues par des « guides-jurés », sortes de maître-nageurs en maillot une pièce assermentés pour ne pas attenter à leur pudeur. Les guides plongent à plusieurs reprises les femmes de manière subite et de courte durée : c'est ce qu'on appelle le « bain à la lame ». 


La concurrence des stations de la Côte Fleurie, Trouville-sur-Mer en tête, fait de l’ombre à Dieppe. Vers 1830, Eugène Isabey et Charles Mozin, peintres en quête de sujets pour leurs marines, découvrent Trouville, un petit village de pêcheurs. Une plage de sable fin de près d'un kilomètre considérée comme une des plus belles de France, ainsi qu’une « avenue » de planches qui en longe une partie afin d'en faciliter la découverte, suffisent à attirer une clientèle aisée. Ce succès lui vaut le titre de « Reine de la Côte Fleurie ». 


Les photographies prises au début des années 1900, témoignent de l'apogée de la station comme de la Belle Époque. Le bain est un spectacle. Les baigneuses exposent des costumes constitués d’une tunique à manches, peu décolletée, d’un jupon court, d’un pantalon à mi-mollets, d’un chapeau-bonnet assorti et de sandales. Cela laisse peu de place aux coups de soleil, plutôt mal vus. Après le bain, le spectacle se poursuit avec la promenade sur les planches. Un véritable rituel qui s'apparente à un défilé de mode, une succession de toilettes, de chapeaux fleuris et d'ombrelles. 



Peu à peu, la plage cesse d’être un espace médical pour devenir un lieu de sociabilité et de distractions, les stations balnéaires implantant des casinos pour occuper les soirées de leur clientèle aristocratique. Cette tendance des bains de mer, renforcée tout au long du xxe siècle notamment grâce à l'apparition des congés payés, encourage la création de stations balnéaires


Share by: