Lieutenance

La lieutenance veille sur le Vieux Bassin


HONFLEUR. Avec le Vieux Bassin qu’elle domine et l’église Sainte-Catherine située à deux pas, elle est l’une des cartes postales incontournables de la ville. La Lieutenance est le dernier vestige encore visible de la forteresse militaire médiévale qui entourait le quartier central jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Un document la mentionnerait dès le XIe siècle, sous le règne de Richard III, Duc de Normandie, alors que Honfleur n’était pas encore cité fortifiée.


Au Moyen-Age, la Lieutenance représentait l’une des deux entrées de la forteresse honfleuraise. D’après un plan de 1662, il y avait deux portes qui donnaient accès à la ville : la porte de Rouen, disparue vers 1682 sur ordonnance de Colbert, et la porte de Caen, l’actuelle Lieutenance. 

De 1684 à la Révolution, les bâtiments qui surmontent la fortification étaient le logement du Lieutenant du Roi. C’est là qu’elle a pris son nom de Lieutenance. La voûte servait de passage. Des chaînes et des leviers formaient un pont-levis qui permettait de traverser le fossé ouest. 


Au début du XXe la Lieutenance devient un bâtiment d’État dédié aux autorités portuaires. La municipalité de Honfleur en fait l’acquisition en 2010 et y engage d’importants travaux de rénovation en janvier 2015. Objectif : la transformer en résidence d’artistes, en un lieu d’exposition. Mais surtout, y créer un centre international d’interprétation du patrimoine maritime et artistique où l’histoire de Honfleur et de son port serait racontée au public.


C’est au cours de ces travaux, très exactement le vendredi 3 avril 2015, qu’un « trésor » fut découvert. Le chef de chantier procédait alors au démontage du parquet du premier étage lorsqu’il mit à jour une bouteille dissimulée sous les lattes. Persuadé que la bouteille ne contenait que de vieux cigares couverts par du papier, l’ouvrier l’a alors laissée sur place jusqu’à ce que, 3 jours plus tard, un archéologue de l’INRAP, l’Institut national de recherches archéologiques et préventives, ne la (re)trouve.


La bouteille contenait en fait un parchemin ainsi que 6 cartes postales représentant Honfleur. Le tout daté de 1907. Sur la lettre est précisé le nom des employés des Pont-et-Chaussées qui oeuvraient sur le chantier d’alors. Des indications sur la nature des travaux ainsi que sur l’activité du port sont également mentionnées. Il y est notamment écrit que le service du port, à l’époque, était assuré par 22 éclusiers et 4 gardiens de phares. Les auteurs de la missive expliquent avoir voulu laisser par la présente, un message aux générations futures.


Une idée aussitôt reprise par le maire, Michel Lamarre qui a souhaité à son tour, laisser sous le plancher rénové une lettre signée de sa main au nom des Honfleurais du XXIe siècle, un dépliant de cartes postales de Honfleur de 2015, un film sur la ville, une clé USB, ainsi qu’une copie de la lettre de 1907.


Quant au « trésor », il a d’abord été confié aux archives départementales à Caen avant de rejoindre celles de la municipalité de Honfleur pour un jour être dévoilé au grand public. Et pourquoi pas dans la Lieutenance ?


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