Maison bleue

C'est une maison bleue...


DIVES-SUR-MER. Il s’agit d’un ensemble composé d’une maison d’habitation et d’un jardin dans lequel a été construit une douzaine d’édifices d’inspiration essentiellement religieuse, par un modeste ouvrier d’origine portugaise. Euclides Ferreira da Costa les a édifiés en ciment armé puis recouverts de mosaïques faites de petits morceaux de faïence, de porcelaine et de verre aux coloris vifs, le tout collecté sur les décharges à ciel ouvert, pendant plus de 20 ans. L’originalité des assemblages et l’élégance des dessins réalisés, élèvent au niveau d’art, la création de cet artiste qualifié de mosaïste et de coloriste.


Tout a commencé en 1957. Euclides da Costa vient d’abandonner son travail à l’usine métallurgique pour des raisons de santé lorsqu’il apprend que la petite chienne Laïka, envoyée dans le satellite russe Spoutnik, n’est jamais revenue de l’espace. L’homme qui adore les animaux, est ému par sa disparition et décide alors d’ériger un monument à sa mémoire. 


Le « Mausolée à Laïka » achevé au début de 1958, Euclides Ferreira da Costa, comme pris d’une frénésie de création, construit sans plan préalable, au gré de ses inspirations, une douzaine de monuments, décore les murs de clôture de son jardin, mais épargne la maison d’habitation, domaine réservé à son épouse. Seul un portrait étroit orné de mosaïque marque la transition entre l’intérieur et l’extérieur. 


Au fil du temps, le style de l’artiste s’affirme. Il acquiert un savoir-faire, structure ses plans verticaux par des larmiers ou des pilastres créant ainsi un effet de rythme. La luminosité est accentuée par les sélections de morceaux de verre bleus ou verts, et de miroir.


Les édifices profanes et ceux d’inspiration religieuse laissent deviner des influences architecturales de monuments reconnus. Ils sont habillés de mosaïques dessinant des motifs géométriques ou des formes animales. Cerfs, biches, chiens, chèvres, oiseaux, lézards, papillons, poissons tapissent les murs, les plafonds et le sol. 



Le choix de plus en plus marqué de matériaux à dominante bleue, soulignés par des joints passés au bleu de méthylène, provoque une impression globale de bleu à l’origine du nom « Maison Bleue » donné spontanément par les habitants de Dives-sur-mer.


Vers la fin des années 70, ses forces diminuants, Euclides da Costa se limite à la fabrication d’objets : vases, jardinières, cadres en grande partie donnés ou vendus aux touristes souvent anglais, allemands, belges ou suisses, qui attirés par ces constructions insolites apparaissant au-dessus de la barrière, entraient et demandaient à visiter les lieux.


Après le décès d’Euclides da Costa en 1984, puis celui de son épouse 5 ans plus tard, la ville de Dives-sur-mer acquiert la propriété. La Maison Bleue est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1991, mais ce lieu magique nécessite une restauration importante en raison de l’effet dévastateur du temps et de l’érosion. En 2004, une association de sauvegarde est créée. Son objectif : aider la commune à trouver des financements privés pour la restauration de cette oeuvre singulière et sa réouverture au public. Un partenariat avec la Fondation du Patrimoine permet aux donateurs ou mécènes de bénéficier des avantages fiscaux en vigueur. 


Une première tranche de travaux a été réalisée fin 2011 avec les restaurations du « Mausolée à Laïka » et du « Sacré Coeur ». L’association a pour objectif de poursuivre jusqu’à la restauration complète de l’ensemble de la Maison Bleue da Costa.


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