Marguerite Duras habite au 105

Marguerite Duras habite au 105


« MARGUERITE DURAS a résidé ici durant de longues périodes entre 1963 et 1996 ». Une plaque est apposée sur le pilier de l’entrée de l’ancien Hôtel des Roches Noires. C’est au premier étage de cette superbe bâtisse où Marcel Proust, lui-même a séjourné 70 ans plus tôt, que Marguerite Duras acquiert un appartement. Un deux pièces au numéro 105. Même s’il n’a pas la vue sur mer, son balcon, légèrement sur le côté du bâtiment, permet d’apercevoir la plage et Le Havre, là-bas au loin. C’est dans la presse que l’écrivaine découvre que des lots de cet ancien Palace sont mis en vente sous forme d’appartements. Elle connaît l’endroit pour y être venue dans les années 30 faire quelques parties de billard japonais avec son cousin. Elle conservera se repère jusqu’à sa mort en 1996.


Marguerite Duras prend très vite ses habitudes à Trouville. A la Brasserie Le Centrale, face à la Halle aux poissons, elle occupe régulièrement la table 309 et sa banquette rouge, au fond de la salle. Mais lorsqu’elle a des invités, elle choisit de s’installer près de l’aquarium. Aujourd’hui encore, les touristes entrent dans ce lieu incontournable, véritable institution trouvillaise, pour apercevoir l’endroit où la cinéaste a dîné des centaines de fois, notamment avec son dernier compagnon, l’écrivain Yann Andréa. Les serveurs les plus anciens aiment à raconter qu’il lui arrivait de griffonner quelques notes sur un coin de la nappe. Les plus bavards d’entre eux n’hésitent pas dévoiler certains de ses plats favoris, comme les crevettes grises ou les huîtres.


A deux pas d’ici, en direction du casino, Marguerite Duras fréquentait la pâtisserie Charlotte Corday. A l'heure du déjeuner elle s'arrêtait fréquemment pour y déguster des gâteaux salés confectionnés exclusivement pour elle par les Gibourdel dont le fils, Laurent, perpétue aujourd’hui la tradition et confectionne des gâteaux dédiés aux personnalités fréquentant la cité balnéaire.
La romancière connaissait la Côte Fleurie avant même de devenir propriétaire à Trouville. Elle venait parfois chez le célèbre éditeur Gallimard à Bénerville, et s’était véritablement éprise de ce petit coin de littoral normand. Si elle s’en éloignait, elle éprouvait le sentiment « de perdre de la lumière », disait-elle, affirmant même dans son ouvrage La Vie matérielle (1987) : « Trouville. C’est ma maison maintenant. Ça a supplanté Neauphle et Paris », ses deux autres lieux de résidence.


Trouville était véritablement sa source d’inspiration, son territoire de prédilection où elle ne voulait que contempler le ciel, la mer et prendre la plume. Elle y écrira bon nombre de ses livres, du Ravissement de Lol V. Stein (1964) à Yann Andréa Steiner (1992). Les Roches Noires est aussi le cadre d’Agatha et de L’Homme atlantique (1981). La plage servira de décor à son film La Femme du Gange, avec Catherine Sellers, Gérard Depardieu et Dionys Mascolo (1973).


Mais elle aimait également, avec quelques amis, sillonner la région : Etretat, Cormeilles, Honfleur et l'embouchure de la Seine, sans oublier Quillebeuf, son le bac rouge qui rallie les raffineries de Port-Jérôme, et son hôtel de la Marine qui abritera l'intrigue d'Emily L. D’autres lieux normands l’ont inspirés dans La Pluie d'été, Les Yeux bleus cheveux noirs, ou encore La Pute de la côte normande.
L’auteur de L’Amant, immense succès public et 
Prix Goncourt en 1984, s'est éteinte le 3 mars 1996 à son domicile parisien de Saint Germain des Près.





Share by: