Plus qu'un musée, une histoire

Plus qu'un musée, une histoire


ACQUISE EN 1936 par la municipalité qui souhaitait y installer son musée d’art et d’histoire, la villa Montebello reste l'un des rares et exceptionnels témoignages des grandes demeures construites dans la seconde moitié du XIXe siècle à Trouville.


Elle fut érigée en 1866 par l'architecte Jean-Louis Celinski de Zaremba, sur un terrain de 4 300 m2 (avec accès à la mer), acheté trois ans plus tôt par la marquise de Montebello, née Marie Perrier. La veuve d’Alfred Lannes, fils du maréchal d’Empire Jean Lannes, duc de Montebello, a commandé à l’auteur du pont qui relie Trouville à Deauville (1862), une villa imposante, aussi monumentale que la villa Sergewna du Duc de Morny, sa contemporaine de la cité voisine, aujourd’hui détruite.


Le style historicisant de la bâtisse caractérise les goûts de l'aristocratie d'Empire installée en villégiature estivale. Les décors sculptés en façade affirment la richesse de la villa et le rang de ses propriétaires : pilastres cannelées, pot à feu sur les frontons, sculpture de tête de lion, masque de femme, guirlandes végétales. 


Après la disparition de la marquise en 1877, la villa ne sera occupée qu'occasionnellement pour ne retrouver son activité qu'à la Belle Époque avec sa nouvelle propriétaire, la comtesse de Le Roydeville, épouse du fils de la marquise de Montebello. Mais lorsque la guerre éclate en 1914, la comtesse, d'origine allemande, se voit privée de son bien en exécution du décret relatif à l’interdiction des relations commerciales avec l’ennemi. La villa est mise sous séquestre en 1915. Elle sera vendue aux enchères publiques six ans plus tard.

En juin 1940, vide de son mobilier, la prestigieuse demeure se destine à accueillir les réfugiés du Nord de la France. Mais cette utilisation sera de courte durée. Sa position stratégique sur la plage, dominant la baie de Seine, lui vaut d’être repérée et réquisitionnée par l’armée allemande. Elle devient un abri tactique pour les radars et possède un poste central de tir pour les batteries d’artillerie du quartier d’Hennequeville. Le rez-de-chaussée est caparaçonné d'une chape de béton pour abriter un émetteur radio. 


En 1946, le commando de déminage, composé de prisonniers allemands, y installe son quartier général et ceinture l’endroit d’une triple rangée de fils barbelés.


A la Libération, la villa est cette fois transformée en groupe scolaire. Les élèves prennent possession de leur nouvelle école en 1949. Elle ne se nomme plus « La villa Montebello » mais « Cours Complémentaires Général Leclerc » jusqu'en 1971, date à laquelle elle est délaissée par l'Education nationale pour des locaux neufs.


L'année suivante, les premières salles du musée ouvrent au rez-de-chaussée alors que la partie haute abrite encore les logements des instituteurs. La ville a pour projet de faire du lieu, la vitrine patrimoniale et artistique de l’identité balnéaire de Trouville. Aujourd’hui, le musée Villa Montebello expose fièrement l’histoire de la cité : la naissance des bains de mer et de la station, la présentation des artistes qui ont fait et qui font Trouville, ainsi que les arts graphiques autour du fonds Savignac. Mais à elle seule, la villa est une oeuvre qui est inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques pour ses façades, sa couverture et son escalier.


PRATIQUE : Musée Villa Montebello 64, rue Général Leclerc Trouville-sur-Mer. Tél. : 02 31 88 16 26 - musee@mairie-trouville-sur-mer.fr




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