Notre-Dame de Grâce veille sur Honfleur

HONFLEUR. La chapelle Notre-Dame de Grâce a été érigée au début du XVIIe siècle sur la colline qui surplombe la ville. Les bourgeois et les marins de Honfleur l’ont construite en lieu et place d’un ancien édifice disparu dans un éboulement de la falaise. Il avait été bâti avant l’an 1023 à la demande de Robert le Magnifique, Duc de Normandie, père de Guillaume II de Normandie, dit Guillaume le Bâtard, futur Guillaume Le Conquérant. D’après la légende, alors qu’il faisait route vers l’Angleterre, Robert le Magnifique essuya une tempête si violente, qu'il se promit, s'il en réchappait, de bâtir cette chapelle vouée à la vierge. Mais en 1538, elle fut détruite par un tremblement de terre. Seul l’autel consacré à Marie reste débout. Les pèlerins vont alors affluer en plus grand nombre pour prier sur ces restes miraculés.
L’édifice sera reconstruit en 1613 avec l’autorisation de la propriétaire du terrain, une certaine Marie Bourbon, duchesse de Montpensier, dont la fille, Anne-Marie d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle, sera à l’origine des fameuses maisons à pans de bois du quai Sainte-Catherine à Honfleur. Non seulement elle accepte que la chapelle soit reconstruite, mais elle offre également 8 chênes d’une forêt voisine pour en réaliser la charpente.

Lorsqu’éclate la Révolution Française, les habitants d'Honfleur, très attachés à « leur Notre-Dame », lancent une pétition pour qu'elle ne soit pas détruite. Elle est épargnée mais vendue comme bien national. Pourtant située sur la paroisse d’Equemauville, la cité voisine, la municipalité honfleuraise s’en porte acquéreur pour la sauver de la destruction. En 1793, elle est transformée en taverne avant d’être finalement rendue au culte au début du XIXe siècle.
Les pèlerinages vont alors s’enchaîner. Plaques de marbre et tableaux perpétuent le souvenir de personnages illustres venus dans cette chapelle : Samuel de Champlain, Pierre Berthelot, Louis XIII, Bonaparte, Thérèse de Lisieux… Notre-Dame de Grâce possède des ex-voto exceptionnels. Tous les fidèles qui viennent se recueillir dans le sanctuaire sont saisis et surpris par le nombre impressionnant de plaques, maquettes ou inscriptions qui témoignent de la gratitude générale. Leur présence symbolise la réussite d’un voeu, d’une recommandation, d’une prière.

S’il peut évidemment s’agir de témoignages de reconnaissance suite à des guérisons ou à l’accomplissement d’un événement heureux, la protection des marins y tient bien entendu une place privilégiée. Chaque année, à l’occasion de la Pentecôte, un pèlerinage rend un vibrant hommage aux « gens de la mer ». A la messe solennelle et à la bénédiction de la mer s’ajoute une procession d’une centaine de maquettes de bateaux portées par des enfants, depuis la place Sainte-Catherine jusqu’à la chapelle Notre-Dame de Grâce.
Pour s’y rendre à pied depuis le centre-ville, deux itinéraires possibles : par la rue Charrière de Grâce ou par la rampe du Mont Joli. D’un côté comme de l’autre, vous pourrez profiter d’une vue magnifique sur la cité des peintres, l’estuaire de la Seine et le pont de Normandie.