Philippe Geluck

Philippe Geluck

Chat alors !


L’HUMORISTE ET DESSINATEUR BELGE Philippe Geluck est doublement présent à Honfleur. Avec son chat tout d’abord aux Greniers à Sel. Avec ses oeuvres à la galerie du Dauphin.


Parlez nous des deux expositions qui vous sont consacrées à Honfleur. 


J’ai été sollicité par Didier Dubout, le petit-fils du grand dessinateur Albert Dubout, qui souhaitait faire une exposition conjointe. Alors on a tout de suite pensé : Dubout - Geluck, à chacun ses chats. J’y présente des pièces que j’aime. Il ne s’agit que de reproductions dont certaines en grand format. En revanche à la galerie du Dauphin de Robert Bartoux, qui s’intéresse à mon travail depuis un moment, c’est une exposition de pièces originales : toiles, bonzes, quelques sérigraphies… La particularité, c’est que j’investis totalement la galerie.


Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez dessiné Le Chat ?


Bien-sûr ! Il y a 2 étapes dans sa maturation. Quand j’étais môme, j’avais 3 ou 4 ans, nos voisins avaient un chat très gros qui s’appelait Passe Partout et qui ne passait nul part. Ca me faisait pleurer de rire ! Ensuite, quand je me suis marié en 1980, j’ai dessiné un petit carton de remerciement aux gens qui nous avaient fait un cadeau. Le carton été plié et lorsqu’on le sortait de l’enveloppe, on voyait madame chat avec des yeux papillonnants.

  Et quand on ouvrait le carton, on voyait un monsieur chat qui était entrain de la lutiner. Et je disais un petit mot : « merci pour vos cadeaux ». ça a fait rire tout le monde. Très bien. Fin de l’épisode. Trois ans plus tard, naissance de notre fils, Antoine. Je redessine le couple de chats avec un petit bébé chat pour annoncer le fait. A cette période-là, le journal Le Soir à Bruxelles me sollicite, comme trois autres dessinateurs, pour inventer un personnage qui devrait animer les pages d’un supplément hebdomadaire. J’ai alors repensé à ce chat. Je l’ai mis debout, je lui ai mis un costume, un manteau, une cravate et lui ai fait dire des conneries. Je l’ai montré à ma femme. Elle a ri alors je me suis dit « c’est bon ». Le lendemain, je l’ai apporté au journal et c’est lui qui a été choisi. Je me suis rendu compte beaucoup plus tard que le soir du 3 mars où j’ai griffonné ce chat, pour le journal, je l’ai fait à l’heure précise où Hergé été entrain de mourir d’une leucémie dans un hôpital bruxellois. Ce que tout le monde ignorait. Comme s’il m’avait mis la main dans le en dos en me disant « Fils, maintenant c’est à toi ». 


Puis Le Chat a dépassé les frontières de la Belgique.


Oui absolument mais ça a été lent. Il n’y avait pas les réseaux sociaux. Quand Le Chat est apparu dans Le Soir, puis après dans Ouest France, Sud Ouest, et puis d’autres, les premières réactions n’étaient pas très bonnes. La première lettre que j’ai reçu en 1983 disait : « Monsieur votre ours ne me fait pas rire ». Puis quatre mois après ses premières publications, Le Chat devenait toujours la mascotte du journal, même jusqu’en Iran !


Vous fixez-vous des limites dans vos dessins ?


Quand il s’agit de deuils ou de disparitions oui. J’ai l’impression de prendre l’ennemi à revers, de ne pas insulter, de ne pas choquer. Je le fait de façon un peu inattaquable. Non pas que je sois frileux, mais je suis sans doute prudent. Je sais qu’il ne me viendrait jamais à l’idée de dessiner le prophète. C’est inutile surtout avec ce qu’il vient d’arriver.




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