Pierre Fleury mène ses chevaux avec liberté
INSTALLÉ À TOURGÉVILLE, Pierre Fleury mène ses chevaux sans harnachement, uniquement à travers les gestes et la voix. Il a établi, avec ses 6 poneys Highlands, une extraordinaire relation de confiance et de respect.
Pierre Fleury, c’est avant tout l’histoire d’un jeune garçon, peu en phase avec l’équitation classique que ses parents tentent de lui faire apprécier, mais qui se révèle passionné du langage et de la relation particulière, à pied, avec les chevaux. Plus qu’un talent, un véritable don qu’il va développer après une longue phase d’observation de Nelson et Nessy, les 2 poneys Highlands que son père souhaite dresser pour l’attelage.
L’adolescent passe énormément de temps avec eux. Pour les comprendre et se faire comprendre. Ils se découvrent mutuellement. S’apprivoisent. « Il fallait se demander comment le cheval communique en troupeau, comment il s’exprime », rapporte Pierre Fleury qui va, au fil du temps, littéralement se muer en congénère de ses 2 complices écossais à sang froid. « Tantôt je fais ami-ami avec eux, tantôt je suis le dominant, mais toujours dans le respect », poursuit le chuchoteur. « Je leur fais des grattouilles. Je reste allongé sur eux… »
La confiance s’installe. La communication également. Ils deviennent complices. Pierre tente alors des exercices de base, toujours en liberté, individuellement d’abord, puis en duo. « Je cherchais ce que je pouvais faire avec eux sans vocation de spectacle », se souvient-il. « C’était purement relationnel ». C’est comme cela qu’apparaissent la poste hongroise où il se tient debout un pied sur chaque cheval, mais aussi le tandem. Des numéros qu’un jour, en 2009, il va effectuer pour la première fois devant des spectateurs, à l’occasion du rassemblement consacré à la race, au Haras du Pin. Sa prestation fait sensation. Plus que le spectacle en lui-même, c’est son approche en liberté qui étonne, impressionne, émeut. Sans harnachement, seulement à travers les gestes et la voix, Pierre Fleury établit une extraordinaire relation de confiance et de respect avec ses 2 Highlands.
Cette première dans l’Orne, l’amène à se produire lors de rassemblements grand public comme le Salon du Cheval à Paris, Equita’Lyon, Cheval Passion à Avignon ou encore Equestria, le Festival de la création équestre à Tarbes. Sur les conseils d’un ami de l’IUT du Havre où ils préparent ensemble un diplôme de génie civil, il s’inscrit à l’émission phare de M6, La France a un incroyable talent. Il franchit les sélections et parvient jusqu’en demi-finale. Le coup de projecteur est instantané et les portes du professionnalisme s’ouvrent à lui. Pierre Fleury, son feutre sur la tête, et ses poneys Highlands se produisent en France bien sûr, mais aussi à l’étranger. Aux dates des spectacles s’ajoutent également des soirées privées et des stages.
Entre temps, l’artiste aujourd’hui âgé de 27 ans, est passé de 2 à 6 poneys. Les blancs du début ont été rejoints par Vandy et Ulane, 2 superbes gris foncés, puis par Xenou et Xenor, à la robe Isabelle (jaune sable) « afin de jouer avec les couleurs », mais aussi de préparer l’avenir. Si l’approche est restée la même, le travail collectif a quelque peu changé car il faut désormais composer avec des chevaux à l’expérience différente. « C’est techniquement plus compliqué car on change les repères ». Mais le leitmotiv est immuable. « Le cheval doit être en confiance. S’il est stressé, l’homme étant perçu comme un prédateur, il prend la fuite. Il faut donc penser cheval et répondre à ses besoins primaires, à savoir manger, se défouler… C’est le bien-être du cheval d’abord. En liberté, on ne pas construire une relation avec le cheval s’il n’est pas en confiance », répète Pierre Fleury qu’il n’est pas rare de croiser, avec ses chevaux bien sûr, dans les chemins de l’arrière-pays deauvillais où il réside.
Le jeune homme et ses poneys ont terminé l’année 2015 par plus d’un mois et demi de représentations au Musée du Cheval de Chantilly à l’occasion du traditionnel spectacle équestre de Noël. Sous le dôme des Grandes Écuries, Pierre Fleury et ses 6 Highlands se sont joints aux écuyères à travers l’univers du conte fantastique de La Belle et la Bête revisité. 2016 les conduira à se produire en France, mais aussi aux Pays-Bas, en Allemagne, au Luxembourg ou encore en Belgique. Toujours avec le même objectif : « rendre le spectacle le plus abordable possible aux non initiés ». Et cela fonctionne admirablement bien.