Pont l'Evêque

Le trait d'union entre les terres et la côte


La légende veut que Pont-l’Evêque tienne son nom d’un pont que jadis un évêque aurait fait construire sur le gué situé au-dessus de la Touques. Ce pont fit de la ville un haut lieu commercial, carrefour d’échanges entre Paris et la Normandie ainsi qu’entre Lisieux et le littoral. Une autre version explique que la cité s'appelait « Pont les vaches », se prononçant en patois normand « Pont les vaques » et qui au fil du temps, serait devenu Pont-l’Évêque. 


Toujours est-il que la cité pontépiscopienne jouit aujourd’hui d’une véritable notoriété. Et pas seulement parce qu’au XVIIe siècle, son nom fut donné à un fromage carré à pâte molle et à croûte lavée. Sa situation incontournable et l’architecture de certains de ses quartiers restés intacts ou reconstruits dans le respect de la tradition après Guerre, y sont pour beaucoup.

La ville très commerçante, regorge en effet de très beaux îlots d’habitations tout en colombages, ainsi que de belles demeures datant des XVIe et XVIIe siècles quand l’organisation judiciaire de la province en a fait le siège administratif de la Vicomté d’Auge. Le prestige de la charge judiciaire avait alors attiré magistrats, notables et gens de robe qui s’y étaient installés et avaient fait édifier ces jolies bâtisses avec arrière-cours et jardins venant souvent border la rivière.


Parmi celle-ci, l’Hôtel Montpensier, construit par Nicolas Chéron, sieur de Fresnay, remarquable par son élégance et son architecture : un alliage de briques Saint-Jean roses et de pierres calcaires. La légende indique que cette demeure était le pied-à-terre de La Grande Mademoiselle. Mais même si Anne-Marie-Louise d’Orléans était Vicomtesse d’Auge, elle n’est jamais venue, se faisant représentée par ses intendants. C’est un notaire chargé de sa vente au XIXème siècle, qui inventait cette histoire espérant faciliter la transaction.


L'Hôtel de Brilly a quant à lui été construit par Pierre de la Roque, Lieutenant à la Vicomté d’Auge. La demeure fut le siège de la sous-préfecture de 1790 à 1926. C’est ici qu’est né Robert de Flers en 1872, dramaturge et académicien, auteur de L’habit vert. 


Le couvent des Dominicaines date pour sa part des XVIe et XVIIe siècles. Il fut construit en pan de bois, puis réquisitionné lors de la Révolution Française. Une partie du bâtiment fut détruite pour construire la prison et le tribunal. Entièrement réhabilité en 2000, l’ancien couvent qui abritait des religieuses jusqu’en 1972, accueille maintenant l’Espace Culturel les Dominicaines, lieu d’expositions. 


Construite entre 1813 et 1823 en briques et en silex noirs, la prison était mixte. Elle était surnommée « la Joyeuse Prison » après la Seconde Guerre Mondiale, en raison d’un gardien débonnaire avec les prisonniers qui leur laissait la porte ouverte à condition de rentrer au petit matin ou le soir ! Un célèbre gangster nommé René Girier (René la canne) y fut incarcéré après un cambriolage de la bijouterie Van Cleef & Arpels à Deauville. Il s’en évade dans les années 50, mais en faisant en sorte que le gardien avec qui il s’était lié d’amitiés, n’ait pas d’ennuis. C’est après l’évasion de René Girier que la prison ferma définitivement ses portes. 


Mais Pont-l’Evêque c’est aussi une église située sur la rive gauche de la Touques et surnommée la Cathédrale aux Herbages par un ancien maire de la ville. Elle abrite notamment une très grande toile du peintre parisien Jules Grün (1868-1938) représentant la sortie de l’église voisine du Breuil-en-Auge. Un peu plus loin, en direction de Deauville, la distillerie Père Magloire, avec ses chais où le vieillissent paisiblement les calvados ainsi que le musée du Calvados et des métiers anciens, se visitent.


Sans oublier le lac bien sûr, ce plan d’eau étendu sur 56 hectares crée suite à la construction de l’autoroute A13 dans les années 70. Les travaux d’aménagement ont été réalisés entre 1978 et 1979, l’ouverture officielle au public a eu lieu le 14 juillet 1979. Un sentier pédestre fait le tour complet du lac, soit 3,5 kilomètres. Une base de loisirs y a été implantée.

Au milieu des années 90, la mise en service du demi-échangeur de la Haie Tondue va marquer un tournant décisif dans le renouveau du centre-ville de Pont-l’Évêque. L’interdiction définitive de la traversée de la ville par les poids lourds sera le point de départ de travaux qui auparavant étaient inutiles. La circulation et ses nuisances décourageaient tout effort d’aménagement et de restauration du bâti.




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