Prison

Une joyeuse prison


PONT-L’évêque. En 1811, suite au décret impérial ordonnant la construction de nouvelles prisons, un établissement pénitentiaire est édifiée entre 1813 et 1828 auprès du tribunal de première instance de Pont-l'Evêque. Les deux bâtiments sont conçus à partir des plans de l'architecte Jean-Baptiste Harou, dit Harou Romain. Il fut architecte en chef du Calvados et participa notamment à la conception de la préfecture et du palais de justice, ainsi que de la Maison Centrale de Beaulieu à Caen. Décédé en cours de construction en 1822, c’est son fils, Nicolas-Philippe Harou, qui achèvera les travaux.


Le bâtiment est d'une conception assez nouvelle, les cellules étant disposées autour d'un escalier central et d'une chapelle située au premier étage.


Le mémoire sur la construction de la prison donne des détails : le soubassement en silex noirs taillés et pierres de taille formant des damiers, des étages en briques avec des chaînages de pierres aux angles et pour les encadrements de fenêtres en forme de demi-lune... La prison est construite sur un plan rectangulaire selon une organisation symétrique marquée à l'extérieur (côté nord) par une demi-tour dans laquelle se trouve le logement du gardien-chef. Les quartiers des hommes et des femmes sont séparés à chaque étage.


Exemplaire à l’époque par sa modernité, la prison souffre cependant de malfaçons et d'un manque de salubrité.

En plus, l'effectif des prisonniers dépasse très souvent la contenance normale de 34 détenus. Une première fermeture est alors ordonnée en 1921, puis une autre de 1926 à 1930, administrative celle-ci, suite à la Réforme Poincaré qui supprimera de nombreuses sous-préfectures, dont celle de Pont-l'Evêque en 1926. La fermeture définitive de la prison aura lieu en novembre 1953. Tous les détenus seront alors dirigés vers la prison de Caen.


Encore aujourd’hui, la prison de Pont-l’Evêque a gardé son surnom de Joyeuse Prison suite cette histoire, débuté en juillet 1936 : un gardien-chef très débonnaire avec les détenus, fut nommé Pont-l'Evêque. Il laissait une grande liberté aux prisonniers, allant jusqu'à leur confier des tâches telles que l'intendance, la comptabilité, la tenue du registre d'écrou, ... Mais en mars 1949, un détenu un peu plus célèbre que les autres, fut incarcéré suite au cambriolage de la bijouterie Van Cleef & Arpels à Deauville. Il s'agit de René Girier, surnommé René la Canne. Il se lie alors d'amitié avec le gardien-chef si sympathique, mais décide de s'évader quelques mois plus tard. C'est alors la fin des « joyeusetés » dans la prison de Pont-l’Evêque, car l'enquête révélera au grand jour le comportement du gardien et de ses complices détenus.


Le procès de cette affaire se tiendra le 11 octobre 1955 au tribunal correctionnel de Pont-l’Evêque, puis le 26 octobre 1955 aux Assises à Caen. Le gardien-chef est alors condamné à 3 ans de prison. Les autres prévenus sont acquittés. Cette anecdote servit d'inspiration au film d'André Berthomieu intitulé « La Joyeuse Prison » (1956). Le rôle du gardien-chef y était incarné par Michel Simon.


PRATIQUE : visites guidées à 11h les mercredis, samedis et dimanches en juillet et août.

Espace culturel les Dominicaines, place du tribunal.

Tél: 02 31 64 89 33 / www.pontleveque.fr



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