Roland Garros

Quand Roland Garros décollait de Houlgate


HOULGATE. L’aviateur Roland Garros, auteur de la toute première traversée de la mer Méditerranée le 23 septembre 1913, était un habitué de la station de la Côte Fleurie. Il y a séjourné à maintes reprises à la villa les Mouettes, chez son ami industriel et pilote Emile Dubonnet.

Au cours de ses séjours, s’il aimait faire quelques parties de chasse, il ne restait pas très longtemps sans piloter. Son biplan stationné sur la terrasse, il lui suffisait d'installer une rampe de bois pour le laisser glisser sur la plage, traversant la promenade qui porte aujourd'hui son nom.


Avec son appareil construit par Blériot, Roland Garros s’élancera ainsi plusieurs fois de la plage d’Houlgate en direction de Cabourg. Parfois il prenait même des passagers pour des baptêmes de l’air comme un certain Sacha Guitry. 


C’est également de la plage d’Houlgate, que l’aviateur établira un nouveau record d’altitude. Le 6 septembre 1912, soit un an après avoir arraché, dans le ciel de Cancale, en Bretagne, son premier record d’altitude au capitaine Félix, avec 3 950 mètres, l’aviateur récidive sur la Côte Fleurie. Toujours aux commandes de son biplan Blériot XI-80, et malgré une panne de moteur qui l’empêchera d’aller plus haut, il gagne près d’un kilomètre et place la barre à 4 950 mètres d’altitude. Une performance attribuée tant au pilote qu’à la qualité de son appareil. « Le Blériot XI-80 est un exemplaire unique, modifié pour l'occasion. C'est un avion en sapin, beaucoup plus léger que l'original, en frêne », explique Jean-Pierre Lefèvre-Garros, son neveu et biographe.


A Houlgate, cette performance ne passe évidemment pas inaperçue. Le conseil municipal versera 500 francs à l’aviateur tandis que des feuillets souvenirs seront distribués aux habitants de la commune. Mais ce nouveau record ne va pas tenir plus de 15 jours. Roland Garros va alors décider de le reconquérir. Avec, cette fois-ci non plus son Blériot, mais le Morane-Saulnier type H de Georges Legagneux, le nouveau recordman à qui il l’achète sur ses propres deniers. 


Après quelques essais infructueux marqués par de nombreux capotages sur le terrain des Milles, près d’Aix-en-Provence, il décide de se rendre à Tunis (Tunisie) où le climat lui paraît plus favorable pour sa nouvelle tentative. C’est là, qu’il obtient son troisième record d’altitude, homologué par l’Aéroclub de France à 5 610 mètres.


L’aviateur soutenait que tous ces records étaient utiles. Qu'ils permettaient de construire des avions plus fiables. « Il était bien conscient des risques, mettait la barre très haut, puis voyait jusqu'où il pouvait aller », écrit Jean-Pierre Lefèvre-Garros. « Pour le record d'Houlgate, il était sûrement équipé d'une simple bouteille d'oxygène, avec le tuyau directement dans la bouche ! »


Share by: