Régine régnait

Régine régnait sur les nuits deauvillaises


DEAUVILLE. Le nom de Régine, décédée le 1er mai dernier à 92 ans, restera à jamais associé à celui de la cité des Planches. Icône des années 60, la chanteuse, comédienne et femme d’affaires a possédé jusqu’à 22 discothèques qui portaient son prénom dans le monde entier, à commencer par le mythique « Chez Régine » ouvert en 1956 près des Champs-Elysées, et devenu rapidement le rendez-vous du Tout-Paris et de la jet-set. A Monte-Carlo, Rio de Janeiro, New-York, Le Caire, Saint-Tropez, Santiago, Kuala Lumpur, Istanbul, Marbella, Genève, Montréal, Düsseldorf… et Deauville, Régine Zylberberg était présente partout.


Celle que l’on surnommait la Reine de la nuit va d’abord ouvrir dans la station balnéaire normande, une succursale de son établissement parisien à l'emplacement du Point de vue : Le Régine Skaïa. Les célébrités s’y bousculent et notamment un certain Serge Gainsbourg qui lui écrira Les P’tits papiers en 1965, l’un de ses grands succès. Les deux artistes se fréquentent beaucoup en Normandie. Serge et Jane Birkin ont acheté une maison à l’intérieur des terres, à Cresseveuille, tandis que Régine s’est installée non loin de là, à Englesqueville-en-Auge.

Dans les années 80, à la demande de Lucien Barrière, propriétaire du Royal et du Normandy, rencontré à l’occasion du Festival de Cannes, celle qui a fait remplacer les jukebox par des tourne-disques et des disc-jokeys, prend la direction du Brummel, situé au rez-de-chaussée du casino de Deauville. Il deviendra le New Brummel, puis le Régine’s avant de devenir le Club 13 en 2018. 

Sa notoriété et son carnets d’adresses ne tardent pas à déplacer les foules. Lors des différentes éditions du Festival du cinéma américain de Deauville, début septembre, les stars se succèdent dans son établissement. Julia Roberts, Michael Douglas, Sean Penn, Jack Nicholson, Yves Saint-Laurent, Omar Sharif… Le monde des courses hippiques et du polo aimaient à se retrouver dans les soirées estivales animées par Régine. 


Mais les liens qui unissent la Reine de la nuit et Deauville sont aussi plus récents. La star, qu’il n’était pas rare de croiser sur le tapis rouge du Festival du cinéma américain ces dernières années encore, avait été invitée par le Groupe Barrière en 2014 et 2015 pour relancer son concept de guinguette comme elle l’avait fait un an plus tôt au Balajo à Paris, temple du dancing rétro situé à deux pas de la place de la Bastille. « J'y allais quand j'avais 15 ans », racontait-elle. « Le lieu n'a pas bougé. Les femmes s'y arrêtaient pour danser en faisant leurs courses. Elles laissaient leur cabas au vestiaire », se souvient-elle.


A Deauville, c’est sur les Planches bien sûr, au Bar du soleil, qu’elle animera des soirées avec la volonté affichée de « réhabiliter le bal, la poésie de l’échange des regards et de rappeler la valeur de l’invitation à danser entre deux personnes ! Aujourd'hui, les gens ne se parlent plus, font la tête et dansent tout seuls. Ils ne dansent plus à deux », déplorait-elle avant d’ajouter : « Faire la fête, je sais faire. J'ai une certaine expérience ! » 

C’est donc tout naturellement que Régine a, deux étés durant, animé à plus de 80 ans, des soirées guinguettes dans la convivialité et la bonne humeur, accompagné par l'orchestre d'Henry Lemarchand.


Share by: