Savignac

Savignac patrimoine vivant


TROUVILLE-SUR-MER. Raymond Savignac est à Trouville ce que Marcel Proust est à Cabourg. Comme l’auteur d’A la recherche du temps perdu, l’affichiste a donné son nom à la promenade qui longe la plage et comme l’écrivain, l’artiste fut été fortement inspiré par la station balnéaire de la côte Fleurie. 

Si Savignac fréquentait Trouville depuis son plus jeune âge, il n’y est venu régulièrement avec son épouse Mimi, qu’à partir des années 70, avant de quitter la capitale, pour y poser définitivement ses valises en 1979.


Né à Paris le 6 novembre 1907, Raymond Savignac a débuté dans le métier en devenant, à 15 ans, dessinateur calqueur, puis à partir de 1925 en réalisant des dessins animés publicitaires.

Dix ans plus tard, il vantait le goût du roquefort Maria Grimal avant de connaître la consécration en 1949, grâce à une sympathique vache rose, visiblement ravie de donner son lait pour la marque Monsavon. A ce sujet il aimait à dire : « Je suis né à l'âge de 41 ans, des pis de la vache Monsavon. » Et c’est le film d'Yves Robert, La Guerre des boutons, dont il assurera l’illustration en 1961, qui lui apportera sa notoriété internationale.


Signant, au cours de sa longue carrière, plus de 600 affiches, toutes teintées d'humour, Savignac fut le créateur incontournable de la publicité d’après-guerre. Beaucoup garderont en mémoire le zèbre de Cinzano, la bille du stylo Bic ou encore la vache du pot-au-feu Maggi. Des affiches publicitaires qui font maintenant partie du patrimoine culturel français. Le fil conducteur de ses œuvres ? Une simplicité efficace associée à une touche d'humour.

Dès son installation à Trouville-sur-mer, Raymond Savignac va illustrer une trentaine de manifestations locales. Les commandes affluent en premier lieu de l’Office de Tourisme qui choisit de construire sa communication main dans la main avec l’affichiste.


En 1985, pour La Nuit des Funambules, il réalise une magnifique affiche qui marque les esprits. L’élan est donné, un long travail de patrimonialisation s’amorce peu à peu. 

Au-delà des affiches événementielles, - une trentaine au total - les dessins furent aussi déclinés sur d’autres supports : papeterie, objets dérivés... La mouette, emblème de la cité balnéaire, apparaît pour la première fois en 1986, puis se retrouve pour le Festival du Nouveau Rire.


Au-delà de la promotion institutionnelle et touristique, les Trouvillais se sont appropriés son oeuvre, lui offrant une prolongation de sa carrière aussi inattendue que glorieuse. Le style de Savignac crée une véritable rupture avec les images traditionnellement utilisées pour vanter la station balnéaire normande.


En 1987, la municipalité lui ouvre l’une des réserves du musée pour y entreposer son stock de 40 ans de travail, et l’aide à en faire l’inventaire. L’artiste donne d’abord quelques maquettes, puis pas moins de 250 affiches. Après sa disparition le 30 octobre 2002, la municipalité décide de lui rendre son plus bel hommage. Bien au-delà des salles de la Villa Montebello, les rues de Trouville vont en effet se transformer en véritable musée à ciel ouvert. Une dizaine de ses affiches, les plus célèbres réalisées pour Trouville, est reproduite en grand format, sur les murs de la ville. Une juste récompense pour celui qui se plaisait à dire que « l’affiche est fille des rues, c’est là qu’elle s’exprime le mieux ». Son oeuvre est devenue un élément incontournable du patrimoine graphique contemporain, tout en gardant, grâce à la collaboration réussie de l’artiste avec Trouville, sa destination initiale, la rue.


La galerie d’exposition du musée, située à l’intérieur de l’Office de Tourisme, ouverte en 1984 pour accueillir des expositions aux thématiques variées, lui est aujourd’hui intégralement dédiée. La première pierre de ce projet fut posée à l’occasion des Journées Savignac 2008 avec un premier accrochage d’oeuvres sélectionnées au sein des quelque 549 affiches,

lithographies, maquettes et cartes de voeux conservées par le musée, intitulé La révolution Savignac 1949-1959. La totalité du fond demeure accessible en permanence via une borne multimédia. Les amateurs de l’affichiste peuvent ainsi redécouvrir son oeuvre sans détériorer ses affiches, tandis que le circuit Sur les pas de Savignac emmène les promeneurs à la découverte des lieux où l’artiste a laissé ses empreintes.


Il est alors possible d’admirer les murs peints et surtout la Promenade Savignac sur les Planches que l’affichiste inaugura un an avant sa disparition, et le long de laquelle sont exposées ses oeuvres trouvillaises.


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