Suzel Pietri

Suzel Pietri

Veille au romantisme du Festival


DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DU FESTIVAL du Film de Cabourg, Suzel Pietri en est l’une des fondatrices. C’est elle également qui déniche les films projetés lors de l’événement cinématographique et romantique de la cité Marcel Proust.


Vous souvenez-vous de la première édition du Festival ?


Je m’en souviens d’autant plus que j’avais accouchée à peine un mois avant ! C’était quand même un sacré pari. Les invités étaient James Ivory, Marisa Berenson, Lambert Wilson… C’était vraiment quelque chose de fabuleux. 


Comment expliquez-vous qu’il ait perduré ?


Outre les liens tissés avec les partenaires, le thème du romantisme est important. C’est un thème absolument immortel. J’ai collaboré avec l’équipe qui a créé le festival de Deauville et le festival d’Avoriaz. On ne parle pas du cinéma américain sans grosses voitures américaines, sans hélicoptères, sans stars absolument magnifiques. On ne parle pas du cinéma fantastique sans monstres et sans terreur. Et je pense que l’on ne parle pas de romantisme et d’amour, sans un peu d’amour, un peu de romantisme, un peu de légèreté, un peu d’humilité. Romantisme et amour, c’est aussi s’oublier soi-même pour aller vers les autres. Quand vous êtes un acteur invité et que l’on vous dit que vous êtes un acteur romantique, forcément déjà on vous indique le jeu. Je pense que Cabourg a toujours été un Festival différent et a réussi par sa différence. 

Une différence que vous avez réussi à préserver ?


Si le thème joue énormément, je pense que Cabourg a son importance. Une ville totalement préservée, épargnée par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Cabourg c’est aussi une architecture en éventail où tout communique. Et puis au-delà, c’est une lumière. Bien avant Proust, bien avant Coquatrix, les personnages célèbres venus à Cabourg sont les impressionnistes parce qu’il y avait cette lumière absolument magique. Et cette lumière magique rend les choses belles. Pendant le Festival, en plus au mois de juin, là où il y a le plus de lumière, les gens sont plus beaux. 


Comment se déroule la sélection ?


Nous avons la chance de travailler, ma sœur et moi, dans d’autres festivals. Moi pour la constitution de jurys et ma sœur pour d’autres sélections. Toute l’année nous voyons des films. C’est une chance car Cabourg ne pourrait pas se le permettre sur ses budgets propres. C’est un travail qui dure 9 à 12 mois. On commence à voir les films à Venise au mois d’août, puis à Pusan en Corée, à Berlin, à Namur en Belgique ou encore à Hong-Kong. C’est pour cela que l’on arrive, bon an mal an, à présenter à Cabourg des films en exclusivité française, que l’on retrouve en fin d’année aux Césars. 


Justement de nombreux films, acteurs ou réalisateurs, ont souvent été primés en premier lieu à Cabourg.


Oui par exemple Emmanuelle Bercot, récompensée cette année aux Césars, est venue en 98 pour son court-métrage Les Vacances. Elle revient en 2013 avec Catherine Deneuve pour Elle s’en va. Et en 2015 on récompensait Rod Paradot et Benoit Magimel pour La tête haute qui eux-mêmes, 8 mois plus tard, sont récompensé aux Césars. 

Si vous aviez un seul souvenir à retenir en 30 ans de Festival, quel serait-il ?
Gene Turney. C’était au tout début du Festival. C’était absolument fabuleux, elle sortait tout droit de l’âge d’or hollywoodien. Elle n’était pas revenue en France depuis les années 50 où elle était fiancée avec le prince Aga Khan. J’avais 25 ans. Et je m’en souviens très bien ! Elle avait pris le concorde car on avait un partenariat avec Air France. Personne n’y croyait. On était venu la chercher à Roissy. Je me demandais comment j’allais la reconnaître. Et bien je n’ai pas eu de mal : les gens s’écartaient sur son passage. Une star avec une aura ! Elle avait de grandes lunettes noires, une espèce de renard argenté autour du cou. Elle sortait direct d’un tournage et elle est venue avec nous. Je ne l’oublierai jamais.


Quels seront les temps forts de ce 30e anniversaire ?


Nous voulons souhaiter chaque soir un anniversaire. D’abord le 30e du Festival. Puis les 15 ans d’Amelie Poulain avec Audrey Toutou que nous avions découverte et récompensée 2 ans plus tôt dans Venus Beauté avec le Swan de la révélation. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, c’est un film que Cannes avait boudé et que nous avions décidé de présenter à Cabourg. Bien nous en a pris puisque cela a été notre premier César. Le troisième anniversaire que nous voulons fêter est les 50 ans d’Un homme et une femme de Claude Lelouch qui reste, je pense, le film français le plus romantique de notre cinématographie. 


Parlez-nous du « Méridien de l’Amour » qui sera inauguré en ouverture de ce Festival.


C’est une ligne symbolique sur les 3 kms de la Promenade Marcel Proust, constituée de clous ancrés dans le sol, tous les 25 mètres environ, et réalisés par la Monnaie de Paris. Le long de cette Promenade, nous souhaitons faire apparaitre les 104 façons de dire « amour » sur les 5 continents grâce aux 5colonnes qui renverront par flash code à une véritable médiathèque universelle de l’Amour, sur InternetPour réaliser ce rêve nous avons besoin de tous les amoureux de la planète ! Nous avons donc lancé un appel à financement participatif sur kisskissbank, permettant par exemple de recevoir chez soi une médaille officielle du Méridien de l’Amour. 



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