Thomas Fersen

Thomas Fersen

Un artiste libre dans sa tête et dans sa vie


IL DÉFINIT SES CHANSONS comme des textes parlés et décide de produire son dernier album à compte d’auteur pour ne pas subir les dictats de l’industrie du disque. Thomas Fersen a l’audace des artistes libres.


A la sortie de votre album, Le bal des oiseaux, vous remportiez une Victoire de la Musique. Comment l’avez-vous vécu ?


J’avais déjà fait un 45 tours qui n’avait pas eu de succès en 88. Quand le premier album est sorti en janvier 93, récompensé en février 94, j’étais très heureux mais j’avais l’impression que c’était un processus. J’étais un peu surpris et je ne peux pas dire que j’avais anticipé cette récompense. Mon sentiment a plutôt été celui de la surprise. J’avais l’impression que la récompense que je recevais auprès du public était grandissante mais dans des proportions tout à fait raisonnables. Le projet grossissait. Il a grossi comme ça jusqu’au milieu des années 2000 pour atteindre à peu près son apogée à ce moment-là en termes de quantité (rires). Et les choses se sont stabilisées à partir de là.


Votre grand-père était pianiste dans un salon de thé. Vous-a-t-il inculqué votre passion pour la musique ? 


Il était de nature solitaire. Il craignait d’être sourd ou il l’était peut-être. Il était dans son univers et c’est vrai que ce positionnement là me plaisait. J’aimais la position qu’il avait dans la famille. Il était dedans tout en étant à l’extérieur et ça me plaisait. J’ai un peu ce comportement dans la société.

C’est la position du chanteur : d’être à la fois dedans et un peu dehors. Mais cette position me paraissait confortable. Ma passion pour la musique est venue de plusieurs choses qui se sont ajoutées les unes aux autres. J’ai d’abord été attiré par l’écriture et la comédie. Je fermais la porte de ma chambre et je jouais des scènes que j’inventais, assez dramatiques en général. J’avais l’ambition d’écrire. Et puis à l’âge de 14 ans je découvre la musique par l’intermédiaire de ma soeur qui achetait des disques. J’ai demandé à ma mère de m’acheter une guitare et j’ai commencé la musique à 14 ans alors que je jouais la comédie et que j’écrivais. Aujourd’hui je suis chanteur mais je n’ai pas vraiment la vocation de l’être en fait. J’ai d’abord voulu être guitariste et je suis plutôt dans la création. Dès que j’ai eu un instrument, j’ai tout de suite commencer à écrire des chansons. Ce goût de l’écriture a dépassé mes chansons puisque depuis 6 ans, je fais des spectacles à la fois chantés et parlés. J’écris des monologues en vers qui ne sont pas chantés. Ce sont des histoires, des sortes de fables à ma façon parce qu’elles ne sont pas morales. Elles sont juste là pour la fantaisie. C’est une succession de monologues parlés et de monologues chantés. Et c’est le même personnage qui s’exprime à travers les 2 formes. 


Un coup de queue de vache, votre 10è album, est le premier que vous éditez à compte d’auteur. Cela a changé quoi pour vous ?


Pas grand chose. J’ai juste conservé ma liberté qui était menacée par l’industrie qui avait des contraintes et je n’avais pas envie de les subir. J’avais le sentiment que les gens qui venaient me voir en spectacle, étaient sensibles à ma liberté, à ce ton qui est le mien. C’est un divorce assez soft. Je n’ai pas claqué la porte à mon label mais je suis parti en exprimant ce désir de m’écarter des voies que prenait la chanson de mon époque avec laquelle je n’étais pas d’accord. Parce que j’avais envie de raconter des histoires et pas de peindre mes états d’âme. Donc j’ai pris ma liberté. Au début c’était un peu difficile de faire toute cette part industrielle du travail, mais après j’ai traité mon disque avec l’expérience que j’avais de l’industrie pour qu’il ait les mêmes chances que les autres. Peu à peu mon organisation se perfectionne et s’étoffe. Mais la carrière que j’avais m’a permis de me lancer. Je ne vous cache pas que c’était un peu vertigineux et que je me demandais un peu où j’allais. Mais j’ai eu cette audace. 


Le 5 avril, vous étiez en concert au Casino Barrière de Deauville. Vous connaissez Deauville ?


Oui. Je suis venu plusieurs fois. Je suis déjà venu jouer au moins 2 fois et j’ai été l’invité du Festival Livres et Musique en 2010. Et bien entendu, je suis déjà venu en tant que touriste. Ça faisait longtemps et je suis très content d’être revenu !




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