Vladimir Fédoroski

Vladimir Fédorovski

"J'écris tous mes livres à Deauville"


C’EST EN TANT QUE DIPLOMATE que Vladimir Fédorovski a découvert Deauville dont il est tombé sous le charme. Depuis, l'écrivain russe y a écrit la quasi-totalité de ses 37 ouvrages.


Vous avez débuté votre carrière comme diplomate. Racontez-nous ?


C’est ma première vie, longue de plus de 20 ans. Initialement spécialiste de la langue arabe, j’ai travaillé pour Brejnev au Kremlin pendant 2 ans. Je suis devenu son interprète parce qu’il était sourd et moi je criais, alors il captait tout ce que je disais. Quand il est devenu « gâteux », il m’a demandé ce que je voulais faire. J’ai dit que je voulais aller à Paris. Il m’y a envoyé comme attaché culturel de 1977 à 1982. C’est une période extraordinaire de ma vie. 

Qu’avez vous fait après ce passage en France ?


Je suis reparti à Moscou où j’ai été chef de cabinet de Petrovski, vice-ministre des affaires étrangères, proche de la perestroïka, ce mouvement démocratique créé par deux de mes amis politiques, Yakovlev et Chevardnaze. Quand en 1985, ils ont repris le pouvoir, ils m’ont renvoyé à Paris comme conseiller politique. J’ai été surtout chargé de promouvoir la perestroïka en Occident. C’est là que commence ma deuxième vie, celle d’homme politique. Très courte mais décisive parce c’est à ce moment-là que le communisme est mort. J’ai alors été cofondateur d’un des premiers partis démocratiques en Russie, le mouvement des réformes démocratiques, et son porte-parole pendant la résistance au putsch de Moscou de 1991.


Quand avez-vous débuté votre carrière littéraire ?


Quand tout cela s’est terminé, j’étais assez bouleversé. D’une part on avait gagné, et d’autre part, c‘était la période de la corruption totale. Je désenchantais alors j’ai décidé d’entamer une troisième vie et de débuter une carrière littéraire. Je devais réussir car je ne pouvais pas faire marche-arrière. 


Comment se sont déroulés vos premiers pas d’écrivain ?


Je n’avais pas un sou mais l’avantage que j’avais était de connaître tout le monde en Occident. La moitié des gens vous trahisse, la moitié vous accompagne et j’étais royalement accompagné. Alors j’ai eu toutes les chroniques dans la grande presse, le passeport français grâce à Chirac… et j’ai donc commencé une carrière littéraire assez originale et assez réussie pour être franc. Je viens de sortir mon 37e ouvrage. Des livres qui ont tous un lien avec la Normandie parce que je les écris à Deauville, et dont certains ont été des grands succès comme Le roman de Saint-Pétersbourg, traduit dans 28 pays et publié à 1 million d’exemplaires.


Comment expliquez-vous un tel succès ?


D’abord, la Russie suscite en France un énorme intérêt. Une sorte de fantasme. Beaucoup de grands créateurs du XXe siècle comme Dali, Picasso, Éluard, Aragon, Léger ont eu dans leur vie une inspiratrice d’origine russe. J’ai aussi une grande estime du public. Quand je fais les choses, je les fais dans l’amitié c’est mon principe. C’est le cas pour les cycles de conférences que nous organisons à Deauville avec mon ami Jacques Belin, directeur du Centre International de Deauville. J’essaie de tirer les choses vers le haut. L’élite est perturbée mais le public vous accompagne. Je perturbe le politiquement correct mais j’assume. Je dis ce que je pense. J’ai une certaine honnêteté intellectuelle. Tout cela est dû au fait que la France m’a accueilli d’une façon royale.


Comment avez-vous découvert Deauville et la Normandie ?


C’est un hasard. Le destin. Quand j’étais diplomate, j’y ai passé des bons moments car les russes y ont une datcha (ndlr : sorte de résidence secondaire). Ensuite quand je n’avais plus un sou, avant de débuter ma carrière littéraire, j’ai vendu un dessin que Dali m’avait donné pour pouvoir acheter un studio en Normandie. C’est un endroit assez magique. Le climat et les amis m’y ont beaucoup réconforté.


Racontez-nous la journée type de Vladimir Fédorovski à Deauville ?


On se réveille et on prend le thé avec ma femme, je promène le chien, je parle avec mon chat. Je fais de l’aquagym, je déjeune et l’après-midi, je travaille. Parfois jusque tard le soir.



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